Jeudi 10 Octobre 2024
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21.09.2020
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Les vendanges en Champagne se sont achevées le 7 septembre dernier et on peut commencer à en dresser un premier bilan : un beau millésime se profile, même s’il faudra attendre la dégustation des vins clairs pour se prononcer définitivement.
Jamais en Champagne on aura vendangé aussi tôt. Les chaleurs printanières survenues dès la mi-mars ont provoqué un débourrement avec 16 jours d’avance sur la moyenne décennale. Pendant l’été, sous l’effet des températures élevées et de la sécheresse, on a battu tous les records de vitesse de maturation, avec des raisins qui ont gagné plus de deux degrés dans la semaine qui a précédé la publication du ban des vendanges (15 août !), avant de stagner un peu puis de redémarrer.
Les chardonnays mettent plus de temps à débourrer, mais, d’habitude, rattrapent ensuite leur retard sur le Pinot noir. Cette année, sans doute parce qu’ils ont dû porter une charge de raisin plus importante que les deux autres cépages, l’écart de maturité a persévéré jusqu’à la récolte. Aussi, malgré le rendement maximal très bas à l’hectare de 8000 kilos fixé par l’interprofession qui limitait de ce fait la quantité de raisin à prélever, la récolte s’est quand même étalée sur trois semaines, une durée classique en Champagne. Cela a parfois suscité des difficultés logistiques pour les vignerons et les maisons dans l’organisation du travail des équipes de saisonniers, contraintes à s’arrêter de cueillir plusieurs jours pour attendre la maturité des parcelles suivantes.
En ce qui concerne le réchauffement climatique, on n’a pas encore le même problème que dans le Sud de la France où il devient difficile d’attendre la maturité aromatique si on ne veut pas se retrouver avec des degrés excessifs. Certes, comme ailleurs, la bascule aromatique survient avec davantage de degrés (10 pour les Meuniers, 10,5 pour les pinots noirs et les chardonnays). Pour l’instant, cela limite simplement la chaptalisation. En revanche, si on franchit la frontière des 11 degrés, cela deviendra problématique. La seconde fermentation rajoute en effet un degré dans le vin et on commencera à avoir des champagnes trop chargés en alcool.
Côté acidité, celle-ci est certes légèrement en dessous du niveau espéré, mais c’est l’acide malique qui fait défaut. Or, le plus souvent, on l’élimine en opérant une fermentation malolactique. En revanche, l’acide tartrique se trouve en bonne quantité et c’est lui qui restera dans le vin. « Cette année, nous avons simplement un raisin qui a déjà fait sa malo » plaisante Arnaud Descotes, directeur de l’Association viticole champenoise.
Enfin, d’un point vue sanitaire, on dispose d’une vendange en excellent état. On a beaucoup parlé de l’oïdium, en réalité il n’a touché qu’entre un et deux pourcents des grappes. On n’a pas eu la même réaction qu’en 2011, là aussi une année très précoce où on avait commencé la vendange en août et où certains dans les chardonnays avaient craint une dégradation sanitaire et s’étaient un peu précipités pour vendanger, au détriment de la maturité aromatique, ce qui avait pu donner parfois des arômes végétaux, de l’amertume. Cette année, au contraire : « on a des jus droits, francs, nets, très aromatiques ».
(Photos AR Lenoble)
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