Accueil [Vendanges] Nord Médoc : le doigt sur la gâchette du sécateur

[Vendanges] Nord Médoc : le doigt sur la gâchette du sécateur

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

09.09.2020

Partager

De Pauillac à Valeyrac plus au nord en passant par Saint-Estèphe, chacun voit midi à sa porte pour choisir le meilleur moment pour vendanger en fonction de ses terroirs et de ses goûts. Nicolas Glumineau, le directeur du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Dominique Arangoïts, directeur technique du Château Cos d’Estournel, et Bruno Segond, propriétaire du Château Lousteauneuf, sont sur le pont.

Du côté de la Comtesse, sur les terroirs graveleux de Pauillac, on fait feu ce mercredi 9 septembre. L’état sanitaire est magnifique et l’ordre de marche va logiquement commencer sur les jeunes merlots. « Je note des tannins très fins, très jolis, le pépin est très savoureux, ça laisse augurer d’une très belle trame tannique », souligne Nicolas Glumineau. Sur les vignes plus vieilles, les pellicules sont encore épaisses mais les prochaines journées ensoleillées vont les affiner. Dans l’ensemble, l’été très sec et les 90 millimètres d’eau en août délivrent une très belle promesse. « Ça va surtout influer sur les cabernets sauvignons qui ont eu le temps d’absorber l’eau et de relancer leur photosynthèse, ce sera riche », ajoute le directeur du Grand Cru Classé 1855 de Pauillac. Ainsi, une trentaine de vendangeurs débarquent dans les vignes ce jour et une centaine sont prévus pour lundi prochain. Une cinquantaine de vendangeurs de plus arriveront le week-end suivant. Il est encore un peu tôt pour l’affirmer mais on se dirige vers une vendange sans discontinuer entre les merlots et les cabernets. Les dégustations quotidiennes semblent indiquer cette direction.

« Une combinaison très intéressante »

À Saint-Estèphe, derrière les pagodes de Cos d’Estournel, on monte aussi en tension même si la production de vin blanc a déjà enclenché le processus des vendanges. Elles avaient débuté le 31 août et l’été indien a donné de très belles maturités. « Pas de contraintes climatiques, on a choisi la date, c’est une bonne chose pour l’équilibre idéal », explique Dominique Arangoïts (photo ci-dessus). Pour les rouges, le directeur technique fait régulièrement le tour des parcelles et constate à l’évidence une précocité avec une floraison qui s’est bien passée malgré les pluies importantes au printemps. « C’est un miracle », dit-il avant d’ajouter : « On a de très beaux merlots avec du raisin, il faut remonter à beaucoup d’années pour avoir cette qualité de floraison, et ça s’est transformé en un fruit avec une acidité douce, de la couleur et des tannins très présents, c’est une combinaison très intéressante ». De fait, dans ce haut-lieu de Saint-Estèphe – qui vient de faire un don de 100 000 euros aux jeunes établissements de la restauration traditionnelle -, le top départ est pour jeudi !

Dans le nord Médoc, sur la commune de Valeyrac, Bruno Segond qui préside aux destinées de son Château Lousteauneuf ne s’affole pas. Cette partie de la presqu’île, plus étroite donc davantage sujette aux influences océaniques et dotée de terroirs plus argileux, est toujours plus tardive. Alors les belles vignes de Bruno Segond profitent des belles journées ensoleillées que la météo promet. « Ici, nous sommes souvent les derniers à vendanger, d’habitude, on commence début octobre mais cette année on devrait couper les premières grappes autour du 25 septembre », explique-t-il. À Lousteauneuf, on fait toujours le pari de la maturité avec en amont un gros travail à la vigne pour juguler les rendements. « Je pense que, particulièrement cette année, les vignes qui ne sont pas très chargées en raisins vont tirer leur épingle du jeu et il a fallu bien entretenir le feuillage pour se protéger du soleil », ajoute le propriétaire du Cru Bourgeois Supérieur. Dans tous les cas, nous sommes au moment crucial en vue du devenir du millésime 2020, le doigt sur la gâchette du sécateur.