Mercredi 4 Décembre 2024
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09.04.2013
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Du vin volé à un négociant était revendu sur le web à « bas coût » (Cheval blanc 2004 était revendu 350 euros). La police a trouvé les auteurs.
Les prix sur Internet étaient trop alléchants pour être honnêtes. Fin mars, un membre de la direction d’une maison de négoce bordelaise, amateur de vin surfant régulièrement sur le Net à l’affût de la bonne affaire, n’en a pas cru son écran d’ordinateur. Sur un célèbre site de vente par Internet, un vendeur proposait plusieurs bouteilles de Château Margaux 1961 à 600 euros. Au lieu de quelque 5 000 euros dans sa société !
La cave du vendeur qui utilisait quasiment toujours le même pseudo en cinq lettres semblait également contenir du Château Haut-Brion 1959 et 1949, vendu 750 euros la bouteille au lieu de 2 000, du Château Mouton-Rothschild 1989 et 1991, mis en vente à 250 euros pour une valeur de 2 000 euros et du Château Cheval blanc 2004, vendu 350 euros.
110 000 euros prix négociant
Que des bouteilles de grands crus qui correspondaient justement à des vols commis – sans effraction – chez le négociant bordelais depuis juillet 2012. Des écarts de stocks importants avaient en effet été notés depuis l’été dernier. Pour un préjudice cumulé de près de 110 000 euros TTC, prix négociant.
C’est vraiment le Château Margaux 1961 qui a mis la puce à l’oreille de l’internaute. Ce vin médocain d’exception était vendu « réembouteillé avec marquage laser ». Une photo de l’étiquette accompagnait l’annonce, sur laquelle figurait cette mention. Ce ne pouvait plus être une coïncidence : la maison de négoce bordelaise avait justement refait les niveaux et réembouteillé ce millésime. Et elle était la seule à l’avoir fait en 2008.
Certain de voir revendu sur Internet son vin disparu, le négociant a donc porté plainte le 3 avril en fin d’après-midi. La brigade des cambriolages de la sûreté départementale a été chargée de l’enquête. En début de soirée, les policiers avaient déjà une petite idée de l’identité de l’annonceur.
Ce Cenonnais de 56 ans a été interpellé jeudi dernier à son domicile. Lors de la perquisition, les enquêteurs ont retrouvé des bouteilles correspondant au vin volé chez le négociant bordelais. Mais certains grands crus avaient déjà trouvé acquéreurs.
Rapidement, le Cenonnais est apparu comme un receleur dans ce dossier. Restait à faire le lien avec le voleur. En garde à vue pour vol par salarié, le quinquagénaire a assuré garder le vin et le mettre en vente pour un ami. Un comparse, un Blayais de 46 ans qui travaille en fait pour le négociant lésé. Comme préparateur de commandes !
Interpellé sur son lieu de travail, il a très vite reconnu être l’auteur des vols. Il aurait revendu les grands vins à bas prix pour écouler plus rapidement les bouteilles et gagner de l’argent facile.
Dans un carton scotché
Il a même expliqué son mode opératoire aux policiers de la brigade des cambriolages. Bénéficiant de tarifs préférentiels chez le négociant et utilisant sa fonction de préparateur de commandes, le salarié achetait régulièrement des bouteilles à 10 ou 20 euros et glissait discrètement un ou deux grands crus dans son carton scotché. D’où les écarts de stock. Il quittait ensuite l’entreprise son carton de petit vin sous le bras sans être inquiété.
Receleur et voleur ont plaidé coupable. Tous deux sont inconnus des services de justice. Les services du procureur de la République ont donc décidé qu’ils recevraient une sanction lors d’une comparution par reconnaissance préalable de culpabilité.
Florence Moreau
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