Jeudi 6 Février 2025
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30.05.2013
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Après 1855.com, le site de vente de vin en ligne ChateauOnline.com est dans le collimateur : les prix affichés sur ce site pour les bordeaux primeurs 2012 suscitent la suspicion.
« Avertissement à nos consommateurs français : le site ChateauOnline.com, racheté par le « caviste » Internet 1855, propose du Conseillante 2012 à un prix ridiculement bas. Il y a de fortes chances que les vins ne soient jamais disponibles, comme malheureusement cela a souvent été le cas avec le site tant décrié… » Ce texte a été posté depuis plusieurs jours sur la page Facebook du château La Conseillante à Pomerol.
En cause, les prix des vins de la campagne primeur 2012 affichés par chateauOnline.com, devenu propriété de 1855 SA en mars 2011. Créée dans les années 90, cette société était pionnière dans la vente de vins sur Internet avec le site 1855.com et affichait comme ambition « de bâtir la première marque mondiale de luxe dans la vente de vins ».
Depuis, les choses ont quelque peu évolué et dans l’univers des grands crus bordelais, 1855 n’a plus très bonne presse. Parce que depuis trois ans, les procédures devant les tribunaux civils de clients qui ne parviennent pas à recevoir les commandes de primeurs qu’ils ont passées et payées parfois depuis plusieurs années, se sont multipliées.
Du coup, 1855.com, qui revendiquait de proposer des ventes de vins de bordeaux en primeur, n’en propose pas cette année. Tout a été reporté sur son site filiale chateauOnline, qui, en plus, affiche des offres alléchantes, avec des promotions pouvant aller jusqu’à moins 20 % du prix.
Une promotion surprenante
C’est ce qui fait aujourd’hui bondir Jean-Michel Laporte, le directeur de La Conseillante. « La campagne des primeurs s’est bien déroulée. Il n’y a pas eu de casse de prix. Les négociants et les importateurs ont bien vendu. Je ne parviens donc pas à comprendre comment on peut parvenir à proposer une promotion avec des prix inférieurs de 20 %. »
Parce que l’écart entre le prix vendu par la propriété au négociant et le prix défini pour que celui-ci le revende, n’a jamais cette ampleur.
Comme il y a les antécédents des nombreuses décisions de justice à l’encontre de 1855.com et que ChateauOnline.com a aussi fait l’objet de condamnations ces derniers mois à la suite de recours de clients non livrés (lire ci-dessous), Jean-Michel Laporte a préféré mettre en garde les acheteurs potentiels de La Conseillante. « Parce qu’il est désagréable de recevoir des coups de téléphone de clients qui nous mettent en cause parce qu’ils n’ont pas reçu leur vin. Ils affirment qu’on leur a répondu que c’est parce que nous, producteurs, n’avions pas livré. Ce qui est totalement faux. »
Le marché des primeurs est bien sûr très ouvert. Il est néanmoins nécessaire de disposer d’allocations pour acquérir les vins vendus de la sorte. Et si 1855.com le faisait autrefois sans difficulté, il est compliqué aujourd’hui de croiser dans le monde des grands vins de Bordeaux quelqu’un qui se dise disposé à leur en vendre. « On ne peut pourtant pas écarter totalement la possibilité que ChateauOnline ait pu s’approvisionner. Néanmoins je ne comprends pas comment, économiquement, on peut proposer de telles promotions », conclut Jean-Michel Laporte.
Jean-Pierre Tamisier (source)
LE PLUS : ChateauOnline face aux juges
Comme 1855.com, le site ChateauOnline.com a fait l’objet ces derniers mois de plusieurs décisions défavorables ou ordonnances de référés devant différents tribunaux d’instance ou de grande instance.
Dans son ordonnance rendue le 24 avril dernier, le tribunal d’instance de Bordeaux a ainsi condamné la SA 1855, maison mère de ChateauOnline, à livrer à un client de ce dernier site Internet, les commandes de 57 bouteilles de vins, passées les 16, et 20 mai, 7 juin et 17 juillet 2010, pour un montant total de 1 272, 66 euros hors taxe. Le client, défendu depuis par Me Hélène Poulou, s’est acquitté de la somme ainsi que de la TVA et des frais de transport, mais n’a toujours pas vu la moindre bouteille. 1855 SA a donc été condamnée à livrer, avec une astreinte de 70 euros par jour de retard à compter du dixième jour suivant la notification du jugement.
Deux jours plus tard, le 26 avril, le tribunal de grande instance de Paris ordonnait lui aussi une livraison sous astreinte pour une commande de 89 bouteilles passée sur le site 1855.com pour des vins vendus en primeurs sur quatre millésimes récents et de 44 bouteilles achetées sur ChateauOnline. La SA 1855 et la SA ChateauOnline ont été condamnées à livrer dans les huit jours, à compter de la décision, dans les deux cas avec une astreinte de 150 euros par jour de retard.
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