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4 étudiantes à la rencontre des vigneronnes d’Europe

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

23.12.2020

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Il était une fois quatre filles, étudiantes et amies. Parmi elles, Elisabeth, étudiante à Centrale Lyon, père vigneron en Languedoc-Roussillon et grand-père directeur de coopérative, a naturellement une sensibilité particulière pour l’univers viticole. Elle évoque avec ses amies un projet qui lui tient à cœur : aller voir de l’autre côté des frontières comment se porte le monde du vin, et plus précisément celui fait par des femmes.

Le projet est scellé : elles partiront sur les routes d’Europe, à défaut du monde, au regard de la conjoncture actuelle. Elles s’aperçoivent alors qu’une association du nom de World Wine Women existe et a porté le même genre de projet une année plus tôt : les quatre filles décident donc de mener à bien le leur sous la bannière de l’association existante. Elisabeth avait dans l’idée une orientation un peu scientifique du projet, sans doute du fait de son appétence pour l’ingénierie. La force de ce collectif est la diversité des profils : en plus d’Elizabeth, Manon poursuit son cursus à Agro Paris Tech, Zoé à HEC Paris et Sophie à l’ENS de Lyon en biologie.

Changement climatique et œil féminin

En résulte un voyage en van au travers de 14 pays européens, de la France à la Turquie en passant par l’Espagne, l’Italie, la Roumanie, la Macédoine, le Montenegro, la Bulgarie, la Hongrie, la Suisse, l’Autriche… Avec un double objectif, répondant aux aspirations de chacune et aux enjeux de tous : d’une part, la réalisation d’un documentaire humaniste, mettant en parallèle les témoignages de vigneronnes européennes et la façon dont ces jeunes étudiantes grandissent au cours de ce voyage initiatique – elles sont d’ailleurs en discussion avec cultivonsnous.tv et Ushuaïa TV pour la diffusion du documentaire, dont la post-production est assurée par une équipe de professionnels, et qui pourrait sortir à la mi-mai 2021.
D’autre part, la réalisation d’une étude sociologique sur la perception du changement climatique et la conscience écologique en viticulture dans les pays européens, posant les questions suivantes : les vignerons perçoivent-ils le changement climatique ? Si oui, est-il possible d’établir des typologies selon les caractéristiques socioéconomiques et géographiques de ces vignerons ? Cette étude est menée en partenariat avec l’INRAE, et plus précisément dans le cadre du programme Laccave (qui vise à étudier les impacts du changement climatique sur la vigne et le vin).

Voyage initiatique

Ce projet, aussi intéressant et profond qu’il soit, est aussi né de l’envie d’étudiantes de mettre à profit une année de césure, devenue courante dans les parcours actuels, et de l’envie de se poser les bonnes questions avant de se lancer dans le grand bain. « Nous avons choisi la voie royale, nous avions envie de nous rapprocher de la nature et de celles qui sont en contact quotidien avec elle. Les vigneronnes sont des « super women » : elles jonglent entre toutes les facettes de la vie, ces femmes sont de véritables modèles pour nous. Les rencontrer et échanger avec elles sur des sujets qui concernent autant l’individu que la société a résonné avec notre façon d’envisager notre propre vie future, tant tout est à construire, sur l’ensemble des plans. »

Sans compter la fameuse et parfois polémique question du genre : les femmes portent-elles un autre regard que les hommes sur le vin, donc la nature, donc le monde ? Le constat des quatre filles était simple : les femmes sont moins nombreuses dans la viticulture, mais sur-représentées dans les instances liées au changement climatique. Hasard ou pas ? Les vigneronnes qu’elles ont rencontrées on en tous cas démontré une très grande proximité à la nature, et une incidence de la maternité dans leurs choix vignerons : pour beaucoup, tomber enceinte et devenir mère a signé leur envie de renoncer définitivement aux pesticides et à la chimie de manière générale, quitte à en payer le prix fort comme Sara Perez, vigneronne espagnole qui a préféré sacrifier l’une de ses récoltes plutôt que de revenir sur ses pratiques culturales (au sens large).
De là à créer une frontière masculin\féminin destinée à encenser les unes au profit des autres, certainement pas, les quatre filles étant seulement allées chercher si le constat numérique résistait à l’épreuve de la réalité, avec cet angle choisi de l’œil de la vigneronne, sans aucune autre démonstration.

En attendant la diffusion du documentaire vraisemblablement pour mai 2021, vous pouvez suivre leurs tribulations sur leur compte Instagram.