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Pessac-Léognan 2023: des rouges bien orientés

Vendanges Château Haut-Bailly ©M. Sarrazin

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

12.10.2023

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Les conditions de production idéales pour un millésime sont rares, et cette année 2023 aura apporté son lot de difficultés, un peu plus sur les merlots que sur les cabernets sauvignons. Néanmoins ce que l’on goûte actuellement à la sortie des cuves laisse augurer un très beau millésime.

Evidemment, la lutte contre le mildiou, notamment sur le merlot plus fragile que le cabernet, aura mobilisé toutes les énergies. Des propriétés ont donc du trier dès la coupe, faire tomber des grappes au sol et perdre ainsi du volume. Et la qualité alors ? Qu’on se rassure, comme le dit Jacques Lurton, le président de l’appellation Pessac-Léognan, « le mildiou n’a aucun impact qualitatif mais affecte seulement les quantités ».

Laurent Lebrun, le Directeur Général du château Olivier, illustre à sa manière cette lutte contre le champignon pathogène Phytophtora infestans, l’autre nom du mildiou : « nous sommes en 2ème année de conversion bio. 2022 était une année facile avec des vignes non traitées. 2023 est une année de challenge mais nous avons une équipe réactive. Si nous avions été défaillants, avec une panne technique ou un personnel malade par exemple, cela aurait été compliqué. Cette année 2023 valide notre protocole de passage en bio ». Idem pour Remi Edange, le directeur général adjoint du Domaine de Chevalier, lui aussi en bio : « tout en bio, avec un climat comme cela ? Et bien, on a usé du pneu car on a traité tout le temps ». Dans ces châteaux bio, lorsque les maladies cryptogamiques fusent, il faut donc un personnel qui adhère au passage bio car, lors des week-end, il faut rester mobilisable : la lutte ne peut se permettre d’attendre 48h. Donc des pertes en volumes sur les merlots.

Cabernet sauvignon et petit verdot 
Philippe Dulong, de la Scm laboratoire œnologique Dulong Chaminade, vante la qualité de cabernets concentrés, qui ont du goût mais souligne « l’excellente qualité du petit verdot », ce cépage minoritaire semble « bien s’adapter au changement climatique » et fournit des lots remarquables cette année.

Plus de cabernet dans les assemblages
Remi Edange évoque l’hypothèse « qu’il est possible qu’on ait davantage de cabernet que les années précédentes », du fait de la perte en volume de merlot. Mais Philippe Dulong dessine un scénario nuancé. Les cabernets sont moins sensibles au mildiou. Mais comme ils se vendangent plus tard, certains lots n’ont pu échapper aux fortes chaleurs de fin septembre et début octobre. Ces dernières ont pu dessécher les grappes récoltées de-ci de-là début octobre notamment, et là aussi, faire perdre un peu de volume. Mais ce phénomène est « à la marge ». Donc une proportion de cabernet peut être au dessus des pourcentages habituels. Mais ce qui prévaudra, selon Remy Edange « c’est le respect de l’identité du château ». Et s’il doit y avoir un peu moins de premier vin pour maintenir les équilibres indispensables à la conservation de l’identité, et bien ce sera « tant pis ».

De la chair et de la profondeur
Les nuits fraiches, avec une forte amplitude, ont permis de conserver de très bons taux d’acidité, gage de fraîcheur et de bonne tenue du vin dans le temps. Mais dès maintenant, on constate « de la profondeur et de la chair » indique Philippe Dulong. Remi Edange, constate « de la concentration et du resserrement sur les fruits, notamment sur les cabernets. Il y a un liseré énergisant, mais on sent la richesse, l’opulence et la générosité ». Un paramètre qui fait dire à Philippe Dulong qu’il valait mieux  « être sage sur les extractions ».

« La messe n’est pas dite, mais ce qu’on a dans les cuves nous laisse espérer de belles choses » nous dit Jacques Lurton. Rendez-vous après les malo, pour les primeurs.