Accueil Quand Bordeaux voit la vie en blanc

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

22.12.2016

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Sur les 5800 producteurs de bordeaux, le syndicat estime à environ 2000 ceux qui déclarent du bordeaux blanc et pas tous les ans. Mais les deux derniers millésimes devraient inciter les producteurs à voir blanc à nouveau.

La production de bordeaux blancs est passée en 20 ans de 600 000 hl à moins de la moitié, devenant ainsi un marché de spécialistes. Ne sont restés que ceux qui ont investi dans la technique, notamment dans le contrôle des températures. « Il est plus difficile d’élaborer du blanc car on a besoin de beaucoup de technique, confirme Nicolas Pons, producteur du Domaine de Sentout récemment installé. Et des sols adaptés comme ceux sablonneux de l’entre-deux-mers qui apportent la fraîcheur. Dans les graves, il y a en revanche plus de rondeur et sur les sols argilo-calcaires, une belle minéralité ». La stratégie de replantation du vignoble depuis 20 ans semble porter ses fruits. En 2015, on estime la production à 245 420 hl de bordeaux blanc, soit 8, 6% des bordeaux pour un peu plus de 5000 ha, et 2068 hl en bordeaux blanc supérieur (61 ha). L’encépagement tend également à se diversifier même si on reste en sauvignon majeur pour l’arôme assorti du sémillon pour la structure complétés de muscadelle pour le bouquet. « On voit réapparaître du colombard qui avait été abandonné jadis pour le sémillon, particulièrement adapté au réchauffement climatique et de plus en plus du sauvignon gris qui apporte un peu de gras dans les vins », précise le vice-président du syndicat des bordeaux et bordeaux supérieur, Marc Médeville (Château Fayau).

Le Cheval de Troie est blanc

Il faut reconnaître que pour les consommateurs, Bordeaux, c’est rouge, « et le blanc sec souffre encore d’a priori, avoue Nicolas Pons. Certains visiteurs ne veulent pas goûter en pensant qu’il va être asséchant mais nous sommes maintenant sur des vins surtout fruités ». L’interprofession a commencé à investir depuis deux ans dans une campagne spécifique et les professionnels deviennent conscients que la pénurie peut les aider à récupérer des débouchés. « Pour beaucoup, c’est un cheval de Troie qui aide à pénétrer certains marchés comme les États-Unis, une opportunité de mettre un pied dans la porte car l’univers des rouges est très concurrentiel » complète Marc Médeville.

Un duo de millésimes gagnant

Après un très joli 2015, Bordeaux se remet à penser blancs sérieusement. D’autant plus qu’ils bénéficient d’un bel atout : ils sont abordables, en moyenne 5-6 €. « Et maintenant ils vieillissent mieux, on peut les garder sans problème plus de 18 mois » précise Marc Médeville. Ils sont de surcroit faciles à boire avec leurs arômes floraux (buis, genêt, acacia), de fruits blancs (pêche, poire) et d’agrumes, parfois sur des notes toastées-beurrées quand ils sont élevés en barriques. 2016 s’annonce à la fois un joli millésime en qualité et en volumes, « plus fin et frais que 2015 » pour Nicolas Pons, « très rond et davantage axé sur le fruit » pour Théodore Aubrion du Château de Piote. « Chaque semaine, on gagne en aromatique, ce sera explosif et sur la fraicheur, avec un peu moins d’acidité que 2015 » complète Marc Médeville.

A découvrir à l’apéritif, évidemment sur un plateau d’huîtres ou de fruits de mer, avec un poisson vapeur ou au four, un fromage de chèvre ou de brebis et à essayer en contraste sur un moelleux au chocolat.

« Terre de Vins » aime :

100% sauvignon : Châteaux Fayau, Peneau II, Mission Saint-Vincent, Le blanc de Château de la Rivière, Domaine de Sentout

Assemblages sauvignon-sémillon : Châteaux Ballan Larquette, La Croix de Queynac, La France, Labatut, de Piote, La Rame, Recougne, Thieuley, Timberlay

Assemblages sauvignon, sémillon, muscadelle : Châteaux des Arras, l’Aubrade, Bonhoste, Caminade Haut Guérin, La Freynelle, d’Haurets, Lamothe de Haux, Marsan Parenchère