Accueil Cahors et Touraine-Amboise font « côt commun »

Cahors et Touraine-Amboise font « côt commun »

Ci-dessus : Pascal Verhaeghe et Xavier Frissant (photo F. Hermine)

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

23.05.2018

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Les deux appellations, qui ont en commun le malbec alias le côt, devraient se retrouver pour échanger sur le cépage en juin 2019. En attendant, l’appellation lotoise étoffe la Destination Cahors.

« L’ambition de Cahors n’est pas d’élaborer un monocépage ni de juste parler du malbec mais de communiquer sur des malbecs de terroir, sur le vignoble cadurcien et sur toutes les appellations plantées en malbec ou en côt, les deux noms du même cépage » explique le co-président Pascal Verhaeghe. Les liens avec l’Argentine ont déjà été renforcés depuis 2007, les discussions avec Touraine-Amboise sont en bonne voie car l’AOC souhaite convertir son vignoble en 100% côt. Cette micro-appellation, plantée également en gamay et cabernets, a fait une demande à l’Inao en ce sens pour modifier son cahier des charges pour devenir d’ici 2025 l’AOC Amboise après redélimitation du terroir qui passerait de 3200 à 700 ha.

« Auparavant, on ne parlait de l’appellation que par l’histoire de France et non du terroir, regrette le président Xavier Frissant. Nous ne sommes pas obligés d’être un produit dérivé de François 1er et du château d’Amboise. Le travail des historiens a mis en lumière l’implantation du côt dès la Renaissance dans la région. D’où une légitimité de ce cépage qui va obliger les vignerons à être davantage dans leurs vignes car le côt est particulièrement sensible à la coulure comme à Cahors et moins productif que dans le Lot ». Des sélections massales ont déjà permis de diminuer le risque de coulure et d’augmenter le degré d’alcool, qui dépassait à peine 11° il y a trente ans. Aujourd’hui il arrive à parfaite maturité entre 12,5 et 13°. Et Xavier Frissant de rappeler que « les premiers crus classés de 1855 contenaient tous au moins 35% de malbec avant que les vignerons ne cèdent aux sirènes de la facilité avec le merlot ». Des rencontres professionnelles avec Cahors devraient être organisées en juin 2019 ; elles feront suite aux Journées Internationales du Malbec qui avaient rassemblé en 2008, 2010 et 2014 des producteurs de tous horizons, notamment d’Argentine, et des écoles spécialisées en commerce du vin. Un rassemblement autour d’un cépage qui avait valu à Cahors le titre de Capitale du Malbec.

Cahors, capitale du Malbec

La Destination Cahors Malbec initiée en 2007 s’étoffe. Après avoir investi dans l’étude des terroirs dans les années 90 pour connaitre le véritable potentiel du vignoble, vignerons, coopératives et négociants ont fait évoluer leur gamme pour à la fois élaborer des vins gourmands et des vins plus complexes. La prochaine étape, l’inscription comme « Grand Site d’Occitanie » pour la vallée du Lot entre Saint Cyr Lapopie et Puy Lévêque « qui devrait nous permettre d’avoir un peu de moyens », reconnaît Jérémy Arnaud, directeur marketing de l’interprofession. Les deux communautés de communes, celle de la Vallée du Lot et du Vignoble et celle du Grand Cahors, vont déposer un dossier en ce sens pour donner vie collectivement aux projets locaux aidés par l’Europe et l’État, tant sur le plan marketing que ressources humaines. Une enveloppe de 2,5 M€ a été budgétée pour la nouvelle maison du vignoble et du tourisme de Puy-L’Evêque qui devrait être subventionnée autour de 90% pour une ouverture prévue en 2019. Une signalétique de balisage de la destination est en cours de l’autoroute A20 jusqu’aux propriétés viticoles Au delà de la bonne idée de l’interprofession à l’initiative de la réflexion collective, le dossier au départ n’était pas gagné. Pascal Verhaeghe se félicite encore avec un grand sourire du tour joué aux élus pour qu’ils soient davantage à l’écoute du projet malgré leurs divergences politiques. « On a convoqué tout le monde pour un voyage d’études en Italie, départ devant la Villa Malbec. Et on a embarqué vignerons et élus… dans un bus au lieu d’y aller en avion pour que tout le monde soit obligé de se parler et d’échanger ». Au bout de quelques jours, les projets ont émergé et la partie était gagnée.