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Carbon Bee, lauréat du prix French Tech Culture

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

19.09.2016

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L’innovation française appliquée au monde du vin se porte bien. Parmi la trentaine de start-ups ayant participé au concours French Tech Culture lancé en juin dernier, c’est la jeune société de Valence Carbon Bee qui vient d’être choisie. L’occasion pour « Terre de Vins » de poser quelques questions à Gérald Germain, son fondateur, pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle technologie.

Le nom exact de votre innovation est « capteur hyperspectral ». Difficile de savoir de quoi il s’agit. Pourriez-vous nous éclairer sur la nature et la fonction de cet objet ?

J’ai fondé la société Carbon Bee en 2015 pour mettre au point ce capteur qui permet de voir ce que l’œil humain, et notamment celui des viticulteurs, n’est pas capable de percevoir. Nos yeux ne discernent qu’un nombre limité de combinaisons des trois couleurs primaires. Ce capteur, lui, est en mesure d’en identifier des centaines. Grâce à ce large spectre, il nous permet de détecter des changements de couleurs infimes sur les feuilles de vignes. Ces variations sont les témoins très précoces du développement de maladies, en premier lieu desquelles la flavescence dorée, véritable ennemi identifié que nous souhaitons aider à combattre. Pour réaliser nos prospections, nous pouvons positionner le capteur sur un drone, un tracteur, un enjambeur voire un quad ! Le capteur fonctionne avec l’aide d’un logiciel doué d’intelligence artificielle. Nous avons renseigné une base de données et la machine est capable d’améliorer et d’affiner sa capacité de détection selon les situations rencontrées à mesure qu’elle réalise de nouveaux relevés.

Une telle technologie doit coûter extrêmement cher…
Justement non. Nous avons développé ce capteur avec la volonté d’offrir un service aux vignerons moins coûteux qu’une classique prospection manuelle réalisée par des dizaines de personnes dans les vignes. L’analyse avec la machine nécessite une logistique très simple à mettre en place. En outre, la machine est efficace à tout moment quand la vigilance humaine est nécessairement diminuée à la fin d’une journée de prospection. Ajoutez à cela que la machine permet d’analyser 50 à 70 hectares de vigne par jour, soit 10 fois plus que sur une action de terrain, et que sa capacité de détection est beaucoup plus précise, et vous comprendrez que les économies sont facilement obtenues.

Des viticulteurs utilisent donc déjà cette technologie ?
Non, pas encore. Nous menons encore toute une batterie de relevés pour pouvoir être sûrs à 100% de la capacité de notre outil à identifier la flavescence dorée. Trop d’annonces ont été déçues par le passé, nous souhaitons donc être parfaitement au point avant de commercialiser cette solution. Si tout se passe comme prévu, son lancement est prévu vers juin 2017 pour les analyses sur les principaux cépages touchés par la flavescence dorée. A terme, nous couplerons certainement ces analyses avec la recherche de stress hydrique, de mildiou, d’oïdium. Une manière d’établir une carte de l’état de santé de la vigne afin de diminuer l’apport d’intrants.

Qu’est-ce que le prix French Tech Culture va vous apporter ?
Les 2 semaines que nous allons pouvoir passer à San Francisco sont une occasion unique de pouvoir mieux appréhender le fonctionnement du marché américain mais aussi de faire des visites dans la Napa Valley afin d’identifier, au-delà de la sécheresse, les besoins spécifiques des vignerons américains, notamment de lutte contre les maladies, auxquels notre machine pourrait répondre. Une belle opportunité pouvant contribuer à la pérennité de notre innovation.