Accueil Chinon : le goût de la paix en vingt flacons

Chinon : le goût de la paix en vingt flacons

Auteur

Julie
Reux

Date

16.04.2018

Partager

Pour le centenaire de l’armistice de 1918, Chinon déterre ses vieux flacons pour une dégustation verticale dédiée aux « millésimes de paix », avant la journée des Vignerons dans la Ville, samedi 21 avril. Un cours d’histoire que Rabelais lui-même n’aurait pas renié.

La plus vieille bouteille de vin de Chinon retrouvée pour l’occasion date de 1911. Cette année-là, on ne trouve pas de traité de paix mondialement célébré, mais en cherchant bien, il y a quand même la fin d’une révolte des vignerons de Champagne. De même pour 1959, année de la quelque peu oubliée signature du traité de l’Antarctique… mais, de mémoire de Chinonais, « un millésime extraordinaire ». « Cette année-là, les vendanges ont démarré le 26 septembre. A ce niveau, ça n’a pas de prix, ce sont un peu des œuvres d’art irremplaçables », commente Pierre Couly.

Ancien Grand Maître de la Confrérie des Entonneurs Rabelaisiens, ce vigneron retraité est une des mémoires de Chinon. « J’ai retrouvé des archives à la mairie, et depuis j’ai toujours continué à noter la date des vendanges et quelques lignes sur l’année. Mes notes commencent avec les archives de Grégoire de Tours, en 1681. » Autant le dire tout de suite : aucune bouteille de cette époque n’a survécu !

Remonter le fil du temps en ouvrant des bouteilles de vin

La « verticale » des millésimes de paix permettra malgré tout à quelques chanceux de déguster des cuvées centenaires ou presque, à la manière d’un cours d’histoire liquide. Une vingtaine de millésimes ont dores et déjà été retrouvés, de 1911 à 2016, « dans le fond des caves, en lançant des appels partout ». Manqueront à l’appel les vins de 1945, année de gel catastrophique. « Ceux qui ont eu du raisin ont fait des vins très bons, mais il n y’ en a presque pas eu », explique Pierre Couly.
Remonter le fil du temps en ouvrant des bouteilles de vin, c’est mêler la grande Histoire et la petite, celle du vignoble, de ses épisodes de gel, de grêle, les petites récoltes et les années de faste, les modes. « Les évolutions techniques, aussi », remarque Pierre Couly. Après la guerre d’Algérie, sa génération, plus instruite, a « tout changé. L’arrivée de son fils, dans les années 90, sonne le début de la prise de conscience écologique et l’an 2000 le tournant climatique et la fin de la chaptalisation. Et son petit-fils, bientôt, apportera sa pierre… C’est ainsi : « Chaque génération apporte son truc, et quand on plante de la vigne, on pense à ses petits-enfants.»

La dégustation aura lieu dans l’hôtel particulier de Chinon où Charles VII convoqua Les Etats Généraux en 1428 pour récolter de l’argent et lever une armée menée par Jeanne d’Arc en 1429 à Orléans, contre les Anglais et les Bourguignons leurs alliés. L’esprit de Rabelais planera sur l’événement, lui qui se moquait de la guerre au moins autant qu’il aimait le vin de Chinon.

Vignerons dans la Ville
La dégustation du vendredi 20 avril est réservée aux professionnels. Mais samedi 21 avril, soixante vignerons de Chinon débarquent dans la ville pour présenter aux habitants leur nouveau millésime. De 10h à 18h, avec défilé de la Confrérie des Entonneurs Rabelaisiens, déambulation musicale. Verre en vente sur place 4€.
www.chinon.com/experimentez-chinon/