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Christian Vanier : les Vins de Bourgogne en ordre de bataille

Auteur

Laurent
Gotti

Date

15.05.2017

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Christian Vanier a pris ses fonctions de directeur du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne en début d’année. Il fait le point sur la situation du vignoble et les grands projets qui l’animent.

Comment se porte le marché des vins de Bourgogne ?
Il est marqué par un manque de produits. Lors du dernier millésime nous avons connu une forte baisse de production, plus particulièrement à Chablis. Dans le même temps la récolte a été quasi normale à Mâcon. Ce qui fait que le marché des échanges entre la viticulture et le négoce n’a pas tout à fait les mêmes allures au nord et au sud de la Bourgogne… On constate à notre niveau des sorties plutôt bonnes dans les appellations régionales et plutôt en retrait dans les villages et les premiers crus.

Les prix sont en augmentation. Un seuil a été dépassé pour que le marché soit fluide ?
Tout le monde me le dit. Les négociants mais aussi les vignerons qui vendent au domaine. Même nos clients fidèles commencent à nous dire que les prix sont élevés. Heureusement que l’on a connu de bons millésimes en 2015, 2016. On aimerait revenir sur des bases plus stables : un peu plus de volume et des prix maitrisés. C’est une vision macro-économique, dans le détail les situations peuvent être plus diverses.

Comment avez vous senti la Bourgogne en arrivant : inquiète ou confiante ?
Quand je suis parti en 2008 (Ndlr : Christian Vanier a été directeur Régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Forêts entre 2005 et 2008) la Bourgogne sortait de la crise. Il y avait un peu trop de vins. La question était : comment va-t-on les vendre ? C’est l’inverse aujourd’hui. Les prix qui avaient bien augmenté dans les années 1990, ont été multipliés par 2 depuis 10 ans. La dynamique est très positive mais il ne faut pas se tromper. Nous sommes un petit vignoble dans un marché mondialisé. Si nous ne faisions pas 50% à l’export les prix ne montraient pas. La Bourgogne a maintenu son volume exporté. Elle vit bien avec cette dichotomie : d’un côté des vins iconiques, d’exception, qui se vendront quoiqu’il arrive. De l’autre côté, la question des appellations régionales et de la construction d’une valeur sur ces produits là demeure.

Revenons à l’enjeu potentiel de production. Par quelles dispositions cela passe-t-il ?
L’enjeu se situe au niveau du matériel végétal. Reconstruire un matériel de bonne qualité sanitaire et biologique. C’est nouveau pour notre interprofession : nous nous impliquons, avec la chambre régionale d’agriculture, dans la fabrication du plant. Nous sommes en train de faire de la sélection de plants résistants. Nous avons de bons pépiniéristes au service d’une viticulture. Ils se reposent la question de la qualité des plants. C’est notre potentiel de production future. Un sujet simple techniquement mais culturellement plus compliqué : on change les habitudes.

Il a beaucoup été question des Cités des vins (Beaune, Chablis, Mâcon) ces derniers temps. Comment se positionne l’Interprofession ?
C’est l’aboutissement d’un projet œnotouristique. La porte d’entrée dans notre vignoble, c’est comme cela qu’on le veut. On veut former le grand public, qui n’est pas notre cible habituelle, à ce que c’est la culture des vins de Bourgogne : les vins et les Climats. On y verra des gens qui ne sont pas dans notre univers habituel. L’enjeu sera pour nous d’avoir un discours homogène, avec les cités sœur de Chablis et Mâcon, pour porter le message des climats. Quiconque rentre dans un de ces lieux doit retrouver un discours du vin de Bourgogne et des climats construit de la même façon. Tout cela structure complètement notre projet 2020 dans l’œnotourisme.

Quid du projet Cité de la gastronomie de Dijon ?
Notre rôle est simple dans ce projet : en tant que BIVB il s’agit d’apporter la connaissance vin, un message vin à côté de la gastronomie. L’École des vins de Bourgogne sera implantée là-bas. Il y vient aussi pour y trouver un modèle économique. Nous avons l’habitude des amateurs ou des grands amateurs, là on aura à faire au grand public. Sur une surface d’exposition comparable on va parler que du vin à Beaune, alors qu’à Dijon on parlera de la gastronomie et du vin.