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« Je tiens beaucoup au compagnonnage du vin »

Auteur

La
rédaction

Date

06.11.2013

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Lauréat du Prix Goncourt en 1985 pour « Les Noces Barbares », l’écrivain breton Yann Queffélec est aussi un grand passionné de vin, comme en atteste l’interview qu’il nous a accordée pour « Terre de Vins » n°26, actuellement en kiosques. Morceaux choisis.

Alors que le Prix Goncourt 2013 vient tout juste d’être attribué à Pierre Lemaître pour « Au revoir là-haut », c’est un ancien lauréat de ce prestigieux prix littéraire, couronné en 1985 pour son roman « Les Noces Barbares », qui s’est prêté au jeu de l’interview à l’occasion de notre nouveau numéro. Yann Queffélec, qui a publié il y a quelques mois un « Dictionnaire amoureux de la Bretagne », est aussi un amoureux du vin. Voici quelques extraits de l’entretien qu’il nous a accordé, à retrouver en intégralité dans « Terre de Vins » n°26.

Sur son premier verre de vin.
Je suis d’une famille où le vin était à l’honneur à chaque repas. Mon père Henri Queffélec, grand romancier, estimait qu’un homme était un homme que s’il savait apprécier correctement le vin. Il n’était pas question de rouler sous la table ou de s’enivrer, mais il fallait aimer le vin pour bien manifester qu’on aimait la vie. Il y avait du vin sur la table pour ses jeunes enfants. A l’âge de huit ans, il nous faisait boire du Saint-Emilion, mais je suis incapable de vous dire le nom de la bouteille. On en buvait une gorgée. Mon frère aîné avait droit à deux gorgées. Il s’agissait d’habituer notre palais à la dégustation du vin.

Sur la place du vin aujourd’hui sans sa vie.
Je tiens beaucoup à ce compagnonnage du vin. Il m’arrive de déjeuner seul au restaurant et je n’ai pas l’impression d’être égoïste, ni isolé. Au contraire, je prends une bouteille de bon vin et à partir de là, ma mémoire se met en route. On est assez moelleux quand on boit du vin. Dans cet état là je sens bien que ma sensibilité se met en branle, que mes souvenirs sont là. Il y a aussi une abolition du temps. Je suis très touché par le fait que l’heure ne passe plus tout à fait de la même manière. Tout ça fait du vin un excellent ami.

Sur ses plus beaux souvenirs liés au vin.
Comme j’ai la chance d’avoir beaucoup d’amis dans la restauration, j’aurai le sentiment de trahir des dizaines de moments en n’en retenant qu’un seul. Chez Jacques Thorel, qui avait l’Auberge Bretonne à La Roche-Bernard, j’ai fait des dégustations exceptionnelles. Chez Christian Constant, quand il était au Crillon, ou au Violon d’Ingres, j’ai bu les meilleurs vins du monde. Chez Ducasse, à Monaco, à l’Hôtel Louis XV, j’ai bu des vins dont je ne pouvais pas imaginer qu’ils existent. Nous avons goûté Ausone, Gevrey-Chambertin, Romanée-Conti… La curiosité et le plaisir m’ont entraîné dans une dégustation d’une bonne semaine que je n’ai jamais rééditée.

Sur les vins à boire face à la mer.
On sait que la Bretagne n’est pas une terre de grands vins, mais nous apprécions beaucoup ceux des autres. Il y a de très grandes caves en Bretagne. Face à la mer tout est possible. Et ce n’est pas elle le patron lorsqu’on va boire un vin. Je ne voudrais pas être flagorneur mais j’aime bien les vins atlantiques et pour moi le bordelais est une région atlantique. Alors, je dirais un pomerol, qui était le vin préféré de mon grand-père, avec un peu de fraîcheur. J’aime bien que ma première sensation soit la fraîcheur. Du pomerol, dans le Finistère, j’en ai bu. J’ai des souvenirs de pomerol en rade de Brest, en bateau… En pleine mer dans le calme plat, je me suis vu ouvrir des bouteilles, toutes voiles affalées. Dans une espèce de roulis pendulaire, le soir, on buvait du bon vin. Et nous étions les plus heureux.

Propos recueillis par Jefferson Desport.
Photo Jean-Bernard Nadeau.

Pour lire cette interview dans son intégralité, commandez le n°26 de « Terre de Vins » ou abonnez-vous en suivant de lien.