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Olga Raffault, en douceur vers le bio

Auteur

La
rédaction

Date

06.02.2015

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Ce domaine familial de Chinon, emblématique d’une certaine tradition et de la transmission entre générations, a amorcé une conversion vers l’agriculture biologique. Rencontre au Salon des vins de Loire.

Il y en avait, des grands noms de Chinon, au Salon des vins de Loire, qui s’est déroulé du 2 au 4 février à Angers. Ils étaient là, les Joguet, Baudry, Amirault, Grosbois, et autres illustres représentants du vignoble rabelaisien. C’est au stand du domaine Olga Raffault que nous avons fait cette fois escale, pour prendre des nouvelles de cette belle propriété familiale de 25 hectares, dont Sylvie et Eric de la Vigerie incarnent la cinquième génération.

Sylvie est la petite-fille d’Olga Raffault, l’une des rares femmes à avoir pris la tête d’une exploitation viticole dès 1947, année de la disparition de son époux Pierre Raffault. L’histoire a retenu que c’est un prisonnier allemand travaillant au service de la famille Raffault, Ernest Zenninger, qui a aidé Olga à poursuivre l’essor du vignoble familial jusqu’à ce que son fils Jean en reprenne les rênes. Cette notion de transmission, de tradition et d’humilité est toujours d’actualité dans les propos de Sylvie et Eric de la Vigerie, qui président aux destinées du domaine depuis une quinzaine d’années. « Nous avons à cœur de poursuivre et respecter ce qu’ont bâti les anciens, explique Eric de la Vigerie, à commencer par le superbe découpage géologique du domaine, valorisant de très belles parcelles sur des grands crus. Nous veillons aussi à conserver la « patte » historique d’Olga : des vinifications traditionnelles, dans le respect du raisin, avec un minimum d’intervention ; laisser du temps au vin, à travers des élevages longs dans de grands contenants. Attendre que les vins soient à point pour les mettre sur le marché. C’est ainsi que nous conservons la fidélité des grands amateurs de chinons ».

Le challenge du bio

On l’a compris, la tradition, c’est important. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas garder un œil vers l’avenir. C’est ainsi qu’en 2010, Sylvie et Eric de la Vigerie ont amorcé la conversion progressive du vignoble vers l’agriculture biologique. D’abord avec la parcelle Les Barnabés (la plus proche du domaine, sur des sols alluvionnaires), puis progressivement sur d’autres parcelles. Le processus de conversion devrait se poursuivre jusqu’en 2018, sans garantie toutefois que toutes les cuvées restent en bio. Quoiqu’il en soit, il semble acquis que la plus belle parcelle du domaine, Les Picasses (8 hectares sur terroir argilo-calcaire), sera en bio. « Le domaine a toujours été conduit en raisonné, les sols travaillés, les vins élaborés sans adjuvants, explique Eric de la Vigerie. Mais le passage au bio, même s’il nous semble un virage inéluctable, demeure un vrai challenge, c’est pourquoi nous prenons notre temps, nous apprenons pas-à-pas ».

A la dégustation, se révèle la diversité des trois types de terroirs sur lesquels s’épanouissent les cuvées du domaine. A la séduction immédiate des Barnabés 2013 répond la typicité un rien rustique des Peuilles 2011 (le 2012, moins intense, se signale par un caractère plus accessible). Mais ce sont les Picasses qui révèlent un très grand terroir de Chinon : le millésime 2011, déjà ample, soutenu par une belle trame acide ; mais surtout le 2010, mûr, sanguin, équilibré entre structure et élégance veloutée, un très beau vin de garde – et à prix doux s’il vous plaît, 13 € seulement à la propriété. La cuvée La Singulière 2010, issue d’un isolement parcellaire des Picasses, joue davantage la carte de la « modernité » avec son élevage plus prégnant (barriques de 500 litres) : on est sur un style plus gourmand, sensuel, sur la rondeur et la sucrosité. C’est un vin à attendre, assurément. Mais cela tombe bien, à Chinon, on sait se donner le temps.

Mathieu Doumenge