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Chinon nouvelle génération

Auteur

La
rédaction

Date

22.11.2013

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Les vins du Val Loire proposaient, la semaine dernière à la cave de Panzoult (Indre-et-Loire), une intéressante dégustation croisée d’AOC Chinon 2010-2005 d’une vingtaine de domaines, mettant le cabernet franc à l’honneur ainsi qu’une nouvelle génération de vignerons et vigneronnes.

A ma droite, 2010, année chaotique au niveau du climat mais débouchant sur un millésime frais et élégant. A ma gauche, 2005, année exceptionnelle et millésime référence pour l’appellation. D’un côté, les solides tannins du cabernet franc demandent encore à s’arrondir, mais l’on pressent un bel avenir sous la fraîcheur, de l’autre, les tanins sont fondus, mais l’élevage sous bois neuf se fait encore sentir (il est vrai que la température un peu trop fraîche de la dégustation avait tendance à durcir les vins). Certains vins de 2005 laissant parfois apparaître un début d’oxydation (cf. photo), rouge violacé à droite, rouge orangé à gauche.

Mais cette différence de style, révèle également un changement de génération car, dans l’intervalle, beaucoup de jeunes vignerons et vigneronnes ont repris l’exploitation familiale ou se sont installés. Si la passation s’est faite dans la plupart des domaines dans la continuité, la jeune génération a confirmé un passage au bio (qui représente maintenant 40% de l’appellation) et affirmé un style de vins plus souples donnant priorité au fruit avec des élevages moins marqués (où les fûts de 500 litres sont souvent préférés à la barrique) comme dans cette cuvée Pierre de Tuf (2010) du domaine de la Noblaie (avec macération longue dans une cuve taillée à même le tuffeau au XVème siècle) ou carrément sans élevage comme dans ces Clos de l’Echo (2010 et 2005) chez Couly-Dutheil (en agriculture raisonnée) où le bois a été abandonné depuis la canicule de 2003.

D’ailleurs, la maison Ackerman a célébré, d’une certaine manière, cette évolution avec sa cuvée premium Les Boires (2011), élégante et fruitée, élaborée sous la houlette de Jacques Lurton à partir d’une sélection des meilleurs jus de toute l’appellation Chinon.

Mais le cabernet franc ne doit pas faire oublier l’autre cépage de l’appellation, le chenin, même s’il ne représente plus aujourd’hui que 2% pour n’avoir pas été replanté après la crise du phylloxéra. Des vins de niches, certes, mais dignes de grands blancs et qui méritent le détour comme par Cravant les Coteaux chez Béatrice & Pascal Lambert pour découvrir leurs micro-cuvées parcellaires travaillées en bio-dynamie Les Chesnaies (2011), Rochette (2011) et Antoine (2010), en demi-sec, (sélection des deux premières) ou à Chinon même, chez Pierre et Bernard Couly, pour leur cuvée Les Blancs Closeaux (2011).

Jean Dusaussoy