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Primeurs 2013 : un millésime sur la pointe des pieds

Auteur

La
rédaction

Date

11.03.2014

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Dans quinze jours à Bordeaux, la Semaine des Primeurs présentera le millésime 2013. Petite récolte et qualité arrachée au forceps : l’année est à haut risque, d’après nos confrères de Sud-Ouest.

« Jamais je n’ai autant couru d’un château à un autre, je goûte tout car la qualité de ce millésime 2013 est très aléatoire. Y compris chez des grands noms, ça va du très haut au très bas. Aucune idée générale ne peut être dégagée cette année. » Ce courtier spécialisé dans les 200 à 300 étiquettes du gotha – le cœur du marché des primeurs – résume ainsi les temps compliqués s’annonçant pour les grands bordeaux.

Après les vaches grasses des années 2009 et 2010, place au troisième millésime à l’équilibre instable (2011, 2012 et donc 2013), qui arrive sur la pointe des pieds. « Tout le monde a vu les pluies diluviennes tombées au moment de la floraison, lors du salon Vinexpo, en juin dernier. 2013 n’est pas un grand millésime, personne ne l’attend pour l’acheter en primeur » constate, lucide, un œnologue.

Une baisse historique

Dans les chais, deux soucis majeurs : des volumes produits historiquement bas – la plus faible récolte en Bordelais depuis plus de vingt ans – et des choix draconiens sur les quantités dédiées aux premiers vins. « On verra qui travaille sérieusement sur le long terme et qui se contente de « coups ». C’est une année à hauts risques », précise un propriétaire médocain présent vendredi à l’assemblée générale de l’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB), club réunissant 133 propriétés haut de gamme.

« Pour la première fois, notre grand vin ne comportera que du cabernet », a d’ailleurs annoncé Nicolas Glumineau, directeur du château Pichon-Longueville Comtesse (AOC Pauillac), qui recevait cette réunion dans un chai refait à neuf. Allusion, en creux, au cépage merlot qui a bien souffert cette année.

Comme tous les ans maintenant, reste à connaître la motivation des acheteurs potentiels et les tarifs pratiqués par les propriétaires. Avec peu de vin à vendre, seront-ils clairement orientés à la baisse alors que les Etats-Unis sont plutôt friands de grandes années et que les Chinois font profil bas depuis des mois ? « Un millésime pour les clients traditionnels européens et la grande distribution française », pronostique un négociant.

En attendant ces semaines délicates qui s’annoncent sur le front des primeurs, les professionnels regardent aussi le ciel. Le (trop) beau temps actuel dans la région va booster la végétation… et donc augmenter les risques de gel au printemps. « Il ne manquerait plus que ça », s’alarme un producteur.

César Compadre pour Sud-Ouest