Jeudi 25 Septembre 2025
©VUANO-ConseilVinsAlsace
Auteur
Date
25.09.2025
Partager
De l’aveu d’Arthur Froehly, responsable du pôle technique et R&D du CIVA (Comité Interprofessionnel des Vins d’Alsace), les vendanges ont été « sportives ». Il fallait être réactif pour vendanger au bon moment et éviter les averses. Mais ces efforts n’ont pas été vains, si la quantité fait parfois défaut, la qualité, elle, est prometteuse.
C’est sûr que le démarrage des vendanges a été d’une précocité record pour l’Alsace. Pour les crémants, nous avons commencé le 19 août, les vins tranquilles à partir du 25. C’est un marqueur historique du réchauffement climatique que nous avons entériné. Auparavant, nous avons déjà pu observer des maturités autour de ces dates, la nouveauté, c'est que nous avons pris conscience du phénomène et qu’en conséquence le ban ouvre tôt.
L’année a été marquée par des événements climatiques complètement opposés. Jusqu’à la fin juillet, nous avons eu très peur de la sécheresse, avec un stress hydrique intense qui se rapprochait dangereusement du schéma de 2003. Avant août, l’année se profilait comme la sixième la plus sèche et la dixième la plus chaude que la région ait connu. Finalement, nous avons eu des orages salvateurs qui ont soulagé le manque d’eau en fin de véraison, entre la fin juillet et le début du mois d’août. Quant aux vendanges, elles ont été compliquées à mener parce que la météo était capricieuse. Il est tombé beaucoup d’eau ce qui a bousculé le calendrier.
Dans notre région, il y a quelques secteurs gélifs, notamment en plaine. Globalement, ces dernières années, il n’y a pas eu d’épisodes de gel massif. Mais nous surveillons cette éventualité. Statistiquement, nous pouvons avoir des gelées de printemps tardives qui impacteraient d’autant plus les vignes que le cycle végétatif est avancé.
On commence pour les crémants par l’auxerrois puis le pinot noir, le chardonnay, les pinots gris et blanc. Ensuite, pour les vins tranquilles, cela va dépendre des profils que recherchent les vignerons. Le riesling et le gewurztraminer font souvent partie des derniers, parce qu’on recherche soit de l’aromatique, soit des maturités plus élevées. Sans compter qu’il y a des terroirs qui nécessitent plus de temps pour arriver à maturité, y compris dans les grands crus.
Les vignerons disent : « petites grappes, grands vins ». 2025 peut donc s’avérer qualitatif avec de beaux profils d’acidité préservés par les pluies du mois d’août, pour les crémants comme pour les vins tranquilles. En fin de saison, il a fallu composer avec une pression du botrytis à cause de l’humidité, donc ceux qui ont pris le risque d’attendre l’ont parfois payé.
Le stress hydrique du printemps et du début de l’été a conditionné le rendement. Nous avons de petites grappes en moyenne avec un peu moins de baies que d’habitude. Les vins les plus recherchées se raréfieront d’autant plus vite que c’est bien parti pour être un beau millésime.
Cette année, les pinots noirs s’exprimeront surtout sur des profils fruités. Finalement, nous n’aurons pas la profondeur qu’on retrouve de plus en plus souvent sur des millésimes très chauds puisque les maturations ont eu lieu dans des conditions un peu plus fraîches. En juillet, nous aurions pu basculer dans cette tendance, mais finalement, nous allons renouer avec un profil plus traditionnel, sur le fruit.
Compte tenu de la qualité, les vignerons sont plutôt optimistes, bien que la fatigue se fasse sentir. Cette campagne de vendanges a été très intense et difficile à mener. Encore une fois, il fallait être très réactif. Et puis, il y a les volumes manquants. À l’échelle du vignoble, c’est facile d’en parler, tandis qu’au niveau d’une entreprise, lorsqu’il manque beaucoup, c’est plus difficile à vivre. Heureusement, la qualité est au rendez-vous.
Articles liés