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La Foire aux Seconds Vins confirme l’engouement du public

foire aux seconds vins

©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »

Auteur

Julia
Bouchet

Date

13.10.2025

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Ce samedi, Bordeaux a accueilli la neuvième édition de la Foire aux Seconds Vins, un rendez-vous désormais incontournable organisé par Terre de vins en partenariat avec le caviste Cash Vin. 59 propriétés bordelaises avaient fait le déplacement pour faire (re)découvrir ces cuvées dites “secondes” – mais qui n’ont, pour beaucoup, plus rien de secondaire.

Un public nombreux et curieux

Dans le Hangar 14 au bord de la Garonne, les visiteurs se pressaient autour des stands. Verre à la main, carnet de notes dans la poche, chacun goûtait, comparait, échangeait. Près de 1000 personnes ont ainsi défilé toute la journée, dans une ambiance joyeuse, ponctuée de conversations passionnées entre vignerons et amateurs. « C’est l’occasion rêvée de goûter des vins de grandes propriétés à prix doux », confiait Nicolas, un trentenaire bordelais qui vient tous les ans depuis 5 ans. « Et on repart souvent avec des coups de cœur qu’on n’aurait jamais osé découvrir autrement. »

Même enthousiasme chez Marie, jeune cadre à Pessac : « Je trouve ça génial de pouvoir goûter les seconds vins des grands châteaux. Ce sont des bouteilles qu’on ouvre facilement, sans attendre dix ans, mais qui ont quand même la signature des grands châteaux. » Un peu plus loin, un petit groupe d’étudiants en sommellerie de la Kedge Wine Business School s’appliquait à comparer les millésimes. « C’est un vrai terrain d’apprentissage », souligne leur professeur. « Ici, les jeunes découvrent concrètement ce que signifie l’équilibre entre buvabilité, terroir et positionnement prix. » L’un des étudiants renchérit : « C’est hyper formateur. On goûte des styles très différents et on comprend que les seconds vins sont souvent le reflet le plus sincère de la philosophie d’un domaine. »

©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »

Des propriétés fières de leurs « autres vins »

Pour les domaines, ces cuvées ne sont plus des seconds vins au sens hiérarchique du terme, mais bien une autre expression de leur identité. Chez Château Phélan Ségur (Saint-Estèphe), Anne, responsable hospitalité, présente Frank Phélan 2019, un vin au charme immédiat : « C’est un vin facile à boire dans ses premières années, mais avec un vrai potentiel de garde. Ce n’est pas un second vin, c’est une autre manière de comprendre la propriété. Une porte d’entrée dans notre univers, pour ceux qui veulent découvrir Saint-Estèphe à un prix accessible. »

À Fronsac, le Château La Dauphine dévoilait Delphis de La Dauphine 2021, un 100 % merlot à la texture ronde et au fruit éclatant. « C’est la bouteille des copains », sourit Benjamin Barreau Neyrinck, brand ambassador du domaine. « Le grand vin, c’est pour les grandes occasions ; le second, c’est pour le plaisir immédiat. Le vin qu’on ouvre sans réfléchir, sur un apéro ou un pique-nique au bord de la Garonne. » À Pessac-Léognan, Mathieu Khalfi, responsable commercial du Château La Garde, mettait en avant Terrasse de La Garde 2020, une cuvée sans passage en bois : « On a voulu un vin sur le fruit, qui exprime toute la fraîcheur du terroir. Aujourd’hui, les seconds vins, c’est le cœur du marché. Ils permettent d’affiner les premiers vins et de proposer des Pessac-Léognan à 8-10 €, quand le premier vin tourne autour de 25 €. »

Enfin, au Château Haut-Bailly Cru Classé de Graves, Manon Drougard responsable communication rappelait la philosophie “plaisir décomplexé” de la cuvée Haut-Bailly II : « Nous cultivons toutes nos parcelles de la même manière, et c’est à l’assemblage que nous choisissons les cuves qui ont le profil du second vin. C’est un plaisir immédiat, un vin qu’on partage sans cérémonie, ce que j’appelle un guilt-free pleasure. »

©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »
©R. De Oliveira pour « Terre de Vins »

Une tendance durable, reflet d’une nouvelle génération

Pour Jérôme Plantey le directeur de Cash Vin, cette foire illustre une évolution structurelle du goût et de la consommation : « Les seconds vins séduisent une clientèle plus jeune, qui n’a pas forcément de cave et qui veut boire dans les trois à cinq ans. Ils permettent de découvrir la philosophie du grand vin à un prix plus abordable. Et les propriétés ont compris que ce n’était plus un “sous-produit”, mais une cuvée complémentaire, souvent plus libre, plus audacieuse. » Il insiste aussi sur le rôle de la dégustation directe : « Ce salon est un test grandeur nature : à la fin de la journée, quand les palettes sont vides, on sait tout de suite ce qui plaît. » Cette approche, à la fois commerciale et pédagogique, permet aussi aux châteaux de sentir les attentes des consommateurs : moins de bois, plus de fruit, plus de fraîcheur.

L’accessibilité comme maître-mot

Les seconds vins, longtemps considérés comme une étape de transition, deviennent aujourd’hui un segment à part entière, celui du plaisir immédiat et du bon rapport qualité-prix. Les visiteurs, eux, ne s’y trompent pas : « Les seconds vins prouvent qu’on peut avoir le style d’un grand à prix doux. » glisse un visiteur en remplissant son carton.

Avec plus de 1000 visiteurs, près d'une soixantaine de propriétés représentées et un engouement qui ne faiblit pas, la Foire aux Seconds Vins s’impose comme l’un des rendez-vous les plus attendus du calendrier bordelais. Une vitrine du dynamisme du vignoble, mais aussi du goût du public pour les vins sincères, lisibles et joyeux – ceux qu’on ouvre sans attendre.