Mercredi 5 Novembre 2025
Concours « Un des Meilleurs Apprentis de France » 2025 ©J. Bouchet
Auteur
Date
05.11.2025
Partager
Ce mercredi, le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Second Grand Cru Classé de Pauillac, accueillait la finale nationale du concours Un des Meilleurs Apprentis de France Sommellerie. Six jeunes candidats venus de toute la France ont rivalisé de précision, d’émotion et de rigueur sous la présidence de Xavier Thuizat, chef sommelier de l’Hôtel de Crillon et président du concours.
L’épreuve écrite, d’une durée de treize minutes, ouvrait la compétition. Les jeunes sommeliers devaient reconnaître une série de portraits de personnalités du vin et de la gastronomie, puis répondre à des questions de culture professionnelle. Suivaient ensuite plusieurs ateliers techniques. Le premier, consacré à l’analyse sensorielle, demandait la description complète de deux vins (un rouge en français et un blanc en anglais) devant un jury présidé par Fabrice Sommier, Meilleur Ouvrier de France Sommelier et Président de l'Union de la Sommellerie Française. Il a rappelé l’importance de ne pas réduire la dégustation à un exercice scolaire : « Parfois, les descriptions sont trop mécaniques. Il ne faut pas oublier qu’ils sont là pour donner envie au client de boire un verre. »
Au moment du débrief, Fabrice Sommier a salué la diversité et la sincérité des profils : « Vous m’avez donné plein de nouvelles idées. Vous avez tous été différents, mais avec tellement d’envie et de cœur. Soyez fiers de ce que vous faites. N'oubliez pas, la prétention n’est pas un défaut : c’est prétendre à être. Aujourd’hui, vous avez eu cette prétention d’être parmi les meilleurs, et la sommellerie française peut être fière de vous. »
Le deuxième atelier, dirigé par Laurent Derhé, également MOF sommellerie, portait sur les accords mets et boissons autour du monde de la bière. Les candidats devaient identifier trois bières dont une sans alcool, décrire leurs caractéristiques et proposer un accord avec un fromage à pâte cuite, avant d’imaginer d’autres associations possibles. L’exercice, évalué aussi sur la gestion du temps, a mis en lumière à la fois leur précision et leur spontanéité. Lors du débrief, le jury a relevé des écarts de rythme, quelques imprécisions techniques, mais aussi une belle compréhension des produits : « Les accords ne sont pas toujours parfaits, mais on sent l’envie et la cohérence dans le raisonnement », a noté Laurent Derhé.
Le troisième pôle transportait les candidats dans l’univers du bar. Ils devaient réaliser un French 75, cocktail emblématique à base de gin et de champagne, tout en accueillant et servant une cliente. L’exercice était observé par Hélène Binet, rédactrice en chef du magazine Un œil dans la salle, Matthias Giroud, chef mixologue et directeur général du groupe L'Alchimiste et Jérémy Lauilhé, Meilleur Ouvrier de France Barman en 2023. Il mêlait gestes techniques, aisance et qualité d’accueil, autant d’éléments essentiels au métier de sommelier.
La quatrième épreuve conduisait les apprentis au cœur du chai. Dans cette atmosphère singulière, ils devaient reconnaître des objets : six outils du quotidien liés au chai, deux instruments liés à la vigne, et en expliquer l’utilité. Le test portait aussi sur la connaissance des contenances des fûts. Une manière de rappeler que le métier de sommelier ne s’arrête pas à la salle, mais commence dès le travail du vin à la cave et au cuvier.
Enfin, l’épreuve finale, baptisée « l'Œuvre », se déroulait sous le regard attentif de Nicolas Glumineau, directeur général du château et de tous les membres du jury. Les candidats devaient imaginer une soirée pour les 50 ans de la cuvée Pichon Comtesse Réserve, le second vin du domaine. « Ils devaient proposer un événement inoubliable pour cent personnes, cohérent et réalisable avec un cocktail et un diner », a précisé Xavier Thuizat en présentant l’épreuve. La notation portait sur la cohérence budgétaire, la créativité, la connaissance de la gamme et la pertinence des accords mets et vins. Nicolas Glumineau a tenu à saluer « une génération capable de relier rigueur et imagination », et a rappelé l’importance de ces échanges entre jeunes sommeliers et acteurs du vignoble.
Au moment des résultats, Xavier Thuizat a pris la parole : « Le jury a été ébloui par vous tous. Cinq candidats se tiennent en un demi-point. C’est une des finales les plus denses qu’on ait vues dans l’histoire du concours. Et un candidat se détache très largement. » Avant d’annoncer le nom de la lauréate : « Pour cette édition 2025, est élue Un des Meilleurs Apprentis de France Sommellerie, Camille Rouhet. »
Âgée de 21 ans, Camille Rouhet suit une Mention Complémentaire Sommellerie au Campus du Lac à Bordeaux. Elle s’est distinguée tout au long de son parcours, remportant déjà la médaille d’or régionale et départementale du concours MAF, ainsi que le titre de Meilleur Élève Sommelier Chapoutier lors de la 32ᵉ édition du concours à Tain-l’Hermitage. Le Campus du Lac salue en elle « une nouvelle génération de sommeliers : technique, humaine et engagée ». Une description qui correspond parfaitement à la philosophie du concours, comme l’a rappelé Xavier Thuizat : « On est tous apprentis pour la vie. On en sait plus qu’hier, mais moins que demain. »
Cette finale, marquée par la rigueur des épreuves et la bienveillance du jury, a confirmé le dynamisme d’une profession en mouvement, où la technique, la culture et l’émotion avancent de concert. « L’émotion reste la plus belle des signatures », a résumé Fabrice Sommier.

Articles liés