Vendredi 7 Novembre 2025
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07.11.2025
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Le 30 octobre dernier, dans un communiqué signé conjointement, les caves coopératives Bestheim et Wolfberger annonçaient mettre fin à leur projet de fusion initié en 2023. Les deux présidents, Pierre-Olivier Baffrey pour Bestheim, et Jean-Philippe Haag pour Wolfberger, ont accepté de revenir sur cette difficile décision.
Jean-Philippe Haag (Wolfberger) : Nous avons commencé nos discussions en avril 2023. Au départ, notre rapprochement concernait uniquement la partie opérationnelle et logistique. C’est au fur et à mesure que nous avons estimé qu’il fallait aller plus loin.
Pierre-Oliver Baffrey (Bestheim) : Dans chaque vignoble, il y a une ou deux locomotives. En Champagne, par exemple, les groupes LVHM et TEVC tirent toute la profession vers le haut. Ensemble, nous aurions représenté une force de frappe considérable : 20 % environ des volumes de la région, entre 30 et 35 % pour les seuls crémants.
JP Haag : Du point de vue de la production, cela nous permettait d’organiser nos efforts. Nous avions prévu de faire un site uniquement dédié aux crémants. Cela nous aurait permis de rationnaliser tout ce qui était process de tirage, conditionnement, logistique.
PO Baffrey : Cela représentait un gros projet d’investissement, mais qui permettait aussi de mutualiser les moyens de production et donc de réduire la facture de tout le monde. Concrètement, pour le site dédié aux crémants, nous n’étions pas obligés d’investir 30 à 40 millions seuls.
JP Haag : Le rapprochement avec Bestheim était opportun pour pouvoir anticiper la baisse de la consommation. Nous souhaitions générer de la résilience sur les prix de revient et sur la force de frappe.
PO Baffrey : L’idée, c'était de mettre en place les outils pour que notre sociétariat souffre le moins possible. Peut-être aussi que justement, nous ne souffrons pas assez pour envisager la solution comme planche de salut.
JP Haag : Pour moi, c’est un sentiment égoïste qui a prévalu et qui a grandi chez une minorité d’adhérents. D’une certaine façon, alors que nous étions sortis de soucis de trésorerie survenus en 2024, sortir de sa zone de confort était devenu moins urgent.
PO Baffrey : Au bout du compte, si le sociétariat n’est pas aligné, ça ne vaut pas le coup de continuer. Les deux conseils d’administration ont donc pris la décision d’abandonner. Pour monter un projet d’une telle envergure, il faut que tout le monde soit à 100 % derrière nous. Pas seulement les 2/3 nécessaires pour acter une décision en coopérative.
JP Haag : Nous étions en train de construire une machine de guerre et finalement nous avons échoué.
PO Baffrey : C’est extrêmement dur parce que finalement, c’est nous même qui avons décidé d’arrêter étant donné les réticences. C’était une décision difficile mais nécessaire.
JP Haag : Le dialogue n’est pas rompu. Nous pourrions nous reporter sur des sujets beaucoup plus pratiques.
PO Baffrey : Nos équipes ont déjà travaillé ensemble. Demain, s’il faut reprendre ce projet, nous aurons déjà une expérience partagée.

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