Dimanche 8 Décembre 2024
©I. Bachelard
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Date
22.09.2022
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Commencées en août, les vendanges précoces se poursuivent dans la bonne humeur en Alsace. La qualité est là et les volumes heureusement supérieurs à l’année dernière.
Les anciens évoquent 1947 ou 1959. Les jeunes voient des ressemblances avec 2018 ou 2020. Certains se rappellent 2003. Ce qui est sûr, c’est que le précoce millésime 2022 se présente bien « Magnifique » résume Philippe Blanck au domaine Paul Blanck de Kientzheim (Haut-Rhin).
Des conditions exceptionnelles
Le caractère exceptionnel de 2022 est flagrant. La région est déficitaire en eau depuis septembre 2021. On a battu le record de nombre de jours à plus de 30 degrés, avec des températures en juillet supérieures à 2003. A la mi-septembre, selon les situations géographiques, c’est entre la moitié et les deux tiers de la récolte qui est terminée. Comme les conditions sont bonnes, il n’y a pas de précipitation, mais il n’a pas fallu lézarder pour commencer la famille des pinots (noir, blanc, gris) bien avant la date officielle des vendanges, 29 août pour les crémants, 5 septembre pour l’appellation Alsace
« Les vendanges avancent lentement, on a commencé le riesling le 19 septembre » indique Remy Gresser à Andlau (Bas-Rhin). Avec la chaleur et la sécheresse, les maturités ont parfois été décalées. « Les rieslings avaient un peu bloqué, la maturation s’est remise en route avec les pluies de fin août et début septembre. Il y a eu des vendanges hâtives sur des secteurs habituellement tardifs, les pinots gris du grand cru Rosacker à Hunawihr par exemple » indique Arthur Froehly, responsable du pôle technique au CIVA Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace. Il constate de très bonnes conditions sanitaires, mais il y a des pluies depuis le 8 septembre qui demandent d’être vigilent si l’humidité se combine avec de la chaleur. Il remarque une évolution de maturité très rapide, qui fait que les gens ont vendangé rapidement.
Volume satisfaisant
Question volume « On craignait de ne pas récolter car au 15 août il n’y avait pas eu de pluie depuis 2 mois. La pluie a été salvatrice. Certes on ne fera pas le plein » déclare Alain Renou, directeur du Synvira, le syndicat des vignerons indépendants. Pour Geneviève Barmès, du domaine Barmès-Buecher à Wettolsheim (Haut-Rhin), c’est simple, deux fois plus de récolte que l’an dernier, qui était vraiment déficitaire.
A Westohoffen (Bas-Rhin) Etienne Loew se réjouit : « Les pinots noirs sont magnifiques, des jus noirs, tanins denses, tout juste décuvés, il y a de la finesse et de la fraicheur kirschée ». Il vendange deux jours et demi par semaine, à mesure des maturités qui lui conviennent : « Les raisins sont magnifiques, jaune or, ils ont de l’acidité. On craignait qu’ils en manquent. On voit la différence entre nos vignes et celles désherbées ou celles où l’herbe a jauni qui ont souffert ». Il explique qu’il a effeuillé à la main en début de saison, mais qu’ensuite il n’a pas rogné, mais juste tressé les sommités, ce qui a protégé les grappes de l’extrême ensoleillement. Quant aux rieslings, tout se joue maintenant. Les maturités sont belles, mais il espère que les acidités tartriques remontent un peu. Les peaux sont épaisses, les pépins brunis. « La météo annonce frais et sec. Cela nos convient » conclut-il.
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