Lundi 11 Novembre 2024
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26.02.2013
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De propriété en propriété, il rassure, conseille, prescrit parfois, tel un médecin de famille. Portrait d’Antoine Médeville, œnologue-conseil qui signe en une année « plus de vinifications que l’œnologue d’une propriété dans toute sa carrière. »
Il y a d’un côté les homéopathes, les ostéopathes, les podologues, bref les spécialistes, et de l’autre les généralistes. Antoine Médeville fait clairement partie de ceux-là. Tel un médecin de campagne, il reçoit à son cabinet – Œnoconseil – ou se rend au chevet du patient. Et accorde lui aussi une place prépondérante à la prévention. Il en sait quelque chose : depuis 1996, date à laquelle il a créé ce laboratoire à Pauillac, il sillonne les propriétés, ausculte les ceps et les cépages, prescrit du palissage ou de l’effeuillage, traque la levure Brettanomyces, ces micro-organismes qui se répandent dans certains chais et donnent au vin un goût d’écurie de cheval ou de viande… De la vigne au vin, Antoine Médeville suit pas à pas toutes les étapes.
Associé à Henri Boyer et Édouard Massié (qui ont créé leur propre laboratoire en 1991 à Preignac, dans le Sud-Gironde), et à Arnaud Chambolle (à Beychac-et-Caillau depuis 2007), Antoine Médeville dirige sous l’enseigne Œnoconseil le plus important laboratoire privé de Gironde. Sur le seul site de Pauillac, sept personnes au total, œnologues et laborantines, s’emploient à traquer les défauts du vin. 80 propriétés y sont suivies en permanence, et une centaine pour lesquelles seules des analyses sont délivrées : crus artisans, crus bourgeois, propriétés qui se remettent en cause pour gravir encore des échelons, tels Clos Manou ou Château Poitevin, crus classés 1855…
L’un des premiers à lui avoir fait confiance n’est autre que Dominique Befve, directeur de Château Lascombes (Margaux) et à l’époque en exercice à Lafite Rothschild. Dominique, dont certains connaissent l’humour, avait fait irruption au laboratoire avec une eau saumâtre en demandant à Œnoconseil de sauver le dernier millésime de Lafite ! Pour un premier dossier, l’enjeu semblait de taille. La supercherie ne dura que quelques secondes… Quinze ans plus tard, les deux hommes s’apprécient toujours autant.
L’acquisition de Fleur La Mothe
Titulaire d’un BTS viti-œno et d’un diplôme d’œnologue, ce fort en biologie a exercé dans l’un des fleurons du Sancerrois, le domaine Joseph Mellot, avant d’officier dans le Midi, à Mèze, puis de retrouver ses racines girondines. Partout, le même constat : « En dix ans, nous avons divisé par dix les catastrophes. » Durant la seule période des vendanges, 800 à 1 000 échantillons passent par Œnoconseil ! Et, tout au long de l’année, Antoine Médeville garde le lien. De la fermentation à l’élevage, de l’élevage à la mise en bouteille, il est garant auprès de ses clients de la qualité du vin. Et, comme le médecin, il connaît « tous les secrets de famille ».
Antoine Médeville sait aussi que la confiance se gagne avec le temps. Il se sait observé. Car, avec ses associés, Édouard Massié et Henri Boyer, Antoine Médeville a acquis en 2008 le Château Fleur La Mothe, une magnifique propriété de 15 hectares. Avec 50 % de merlot et 48 % de cabernet-sauvignon, elle produit un vin sur le fruit qui ne laisse pas de place au bois, un médoc gourmand et séducteur à un peu plus de 10 euros que les consommateurs ont pu déguster en décembre dernier lors de Bordeaux Tasting. Un médoc moderne qui ne renie pas ses racines.
Ses clients observent ce Fleur La Mothe grandir et décrocher des parts de marché. Antoine Médeville, confiant, mise sur l’expérience : « En une année, nous faisons plus de vinifications que l’œnologue d’une propriété dans toute sa carrière. »
Rodolphe Wartel
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