Accueil Armagnac : Carré des Fantômes, comme un goût de renaissance

Armagnac : Carré des Fantômes, comme un goût de renaissance

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

11.02.2021

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Divine surprise, une cuvée d’armagnac sort de l’oubli six cépages. C’est délicieux, elle s’appelle Le Carré des Fantômes et la coupable se nomme Caroline Rozes du Domaine d’Aurensan.

Tout projet dans le domaine des spiritueux requiert du temps, qui plus est lorsqu’il s’agit d’eaux-de-vie de vin car s’ajoute au temps du vieillissement en fûts celui de la vigne qu’il faut planter, travailler, récolter. C’est en 2014 que Caroline Rozes se décide à mettre en terre du plant de graisse. Suivront du meslier Saint-François, du mauzac blanc, du mauzac rosé, de la clairette de Gascogne et du jurançon blanc. Ces six cépages ont quasiment disparu de la circulation mais ils demeurent bien inscrits dans le cahier des charges de l’appellation armagnac. « Ils font partie des 10 cépages autorisés dans le décret de 1936, les anciens s’en rappellent, on a complanté ces cépages sur un hectare et demi et nous avons baptisé la parcelle le Carré des Fantômes », explique Caroline Rozes avant d’ajouter : « Ces cépages ont disparu à la faveur de cépages comme l’ugni-blanc pour des questions de rendement, ironie de l’histoire quand on plante de l’ugni-blanc on est subventionné mais pas pour du plant de graisse par exemple… »

Bref, la résurrection de ces cépages montre combien ils contiennent un potentiel et une complexité aromatiques magnifiques. Ceci expliquant peut-être cela, Caroline Rozes a d’abord fait carrière dans le parfum avant de revenir au domaine familial gersois qui compte 8 hectares. C’est en cherchant à redynamiser l’exploitation que ce projet a vu le jour et Le Carré des Fantômes surprend dès sa première mise en bouteilles par son caractère floral et aérien. Avec seulement deux ans d’âge, l’eau-de-vie de la récolte 2018 a été réduite à 46% et c’est un feu d’artifice de pureté. « Cette parcelle est cultivée sans pesticides, le moteur est de faire des choses différentes tout en renouant avec l’histoire de la région, il faut faire du sur-mesure pour se démarquer, il y a une demande des cavistes », souligne la quadra Caroline Rozes. Ce premier essai de sélection parcellaire est très concluant pour seulement 2000 bouteilles sur le marché. A bon amateur salut.

Prix (70cl) : 55 euros.
www.domaine-aurensan.com