Accueil Le Beaujolais nouveau n’est plus ce qu’il était

Auteur

Laurent
Gotti

Date

16.11.2016

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Le Beaujolais nouveau arrive cette semaine. Rituel immuable du troisième jeudi de novembre… Mais ce vin primeur ressemble-t-il toujours à ce qu’il était il y a 10 ou 15 ans ? Sûrement pas.

« Alors il est comment le Beaujolais nouveau cette année ? ». Le plus fameux des vins primeurs a le mérite de piquer tous les ans la curiosité de plusieurs générations d’amateurs de vins. Mais le « nouveau » ressemble-t-il vraiment à celui que dégustaient nos parents ou grands-parents ? Rien n’est moins sûr. C’est l’un des enseignements frappants de nos dégustations des vins qui couleront dans quelques heures dans les verres.

Dans les années 1990 et 2000 ces primeurs, beaujolais ou beaujolais-villages, se distinguaient par des couleurs légères, grenat vif, des arômes de bonbons anglais ou de bananes. En bouche, une matière légère, acidulée, pouvait – dans les meilleurs cas – flatter le palais d’une texture digeste et rafraichissante. Un « style » bien souvent uniforme d’un millésime à l’autre. Il a fini par lasser.

Les millésimes 2003, 2015 ont finalement fait exploser les repères du beaujolais primeurs. La défiance des amateurs aussi.

La gamme d’une quinzaine de beaujolais nouveaux 2016 dégustés chez Georges Duboeuf est significative d’une véritable tendance : le Beaujolais nouveau est de retour dans le monde des « vrais » vins. La plupart des cuvées font en effet preuve d’une bonne concentration, d’une matière charnue. Les notes de fruits rouges : fraise, groseille sont de la partie. Tout simplement les arômes d’un gamay bien né. C’est le cas notamment des cuvées destinées aux particuliers de la maison Duboeuf. Sur les cuvées issues de raisins à maturité plus élevée, le millésime 2016 a été surprenant de ce point de vue, les fruits noirs et même une certaine puissance se fait sentir.

Confirmation au domaine des Nugues (Lancié). « Un beaujolais nouveau doit être vineux. Chez nous, on le déguste l’été avec une grillade. On peut aussi le garder un an ou plus en cave », affirme Gilles Gelin. Et comme le vigneron aime accorder le geste et la parole, il débouche un beaujolais nouveau 2010. Encore sur ses deux jambes !