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Bergerac : triste gel historique

Triste vision le 29 avril au château du Bloy, en appellation Montravel.

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

01.05.2017

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La dernière semaine d’avril n’a pas épargné le département de la Dordogne. Bergerac, Monbazillac, Montravel et surtout Pécharmant, toutes les appellations du Bergeracois ont été largement touchées par un gel historique.

« C’est une catastrophe » soupire Bertrand Lepoittevin en son château du Bloy, en appellation Montravel, à l’extrême ouest du Bergeracois. « La semaine dernière, il avait un peu gelé, mais c’était une moitié d’hectare » continue-t-il. Mais dans la nuit du 26 au 27 avril, il pense avoir perdu 90% de sa récolte. Il tente de sourire aux remarques des voisins « Si vous êtes touchés là-haut, tout le monde doit l’être ». Comme il travaille en bio, ses rendements ne sont jamais élevés. Et comme ses cuvées sont prisées, il va très vite manquer de vin à vendre.

Jusqu’à 90% de perte/ Même des zones peu gélives

Pierre-Alain Barriat, président de l’interprofession de Bergerac et Duras précise la gravité du gel : « C’est très irrégulier, il y a même des endroits très peu gélifs qui ont été touchés ». Sur son domaine à Issigeac, dans le sud de l’appellation Bergerac, seuls ses blancs ont gelé. Un vigneron proche, à Sadillac, a perdu 10% de ses 40 ha tandis qu’un autre à Pécharmant, aux portes est de la ville de Bergerac, a vu 90% de sa récolte s’envoler dans les frimas. La végétation était très en avance, il y avait déjà 3 ou 4 feuilles. « Cela rappelle le printemps 1991 et Pâques 1977, les plus méchants sont les gels tardifs ». conclut-il, en essayant de rester optimiste du fait qu’il y a encore du vin à vendre, de qualité ; 2015 était une bonne récolte et 2016 a été très généreux.

A la cave coopérative de Sigoulès, au sud-ouest de la ville de Bergerac, la situation n’est pas plus rose. Philippe Allain, le président fait le bilan, provisoire : un tiers des 900 ha de ses adhérents a subi le gel et sur ces 300 ha, 230 sont gelés à 100%. Heureusement que les coopérateurs sont le plus souvent assurés : « Même avec les 25% de franchise, cela vaut le coup pour eux puisqu’ils ne disposent pas de stock. En revanche la cave, elle, dispose de bonnes réserves grâce à la récolte pléthorique de 2016 » précise-t-il. Elle pourra assurer les marchés.

VCI pour gérer les stocks

Pour tous les vignerons du Bergeracois, il y tout de même une mesure récente qui les aidera à attendre des jours meilleurs, la mise en place tant attendue d’un VCI. Calqué sur le modèle de réserve qualitative champenois, le VCI, volume complémentaire individuel, permet de conserver 6 hl d’une année généreuse pour regonfler une année maigre. Ceci est valable pour les rouges et les blancs moelleux.

Quand il a vu la brume à l’aube du 27 avril, Laurent de Bosredon, a cru un instant avoir été sauvé, mais le froid avait précédé cette brume. En son château Bélingard, à Pomport, il évalue les pertes à 100% sur près de la moitié du domaine : « Il y a un plateau qui a un peu échappé au massacre, mais plus on descend, pire c’est » précise-t-il en regrettant que les appellations du Bergeracois ne bénéficient pas d’une aura qui permettrait d’augmenter les prix pour compenser un peu les pertes : « Si j’en avais les moyens, je mettrais des tours anti-gel à des endroits stratégiques pour des gels « classiques ». Mais cette année, cela n’aurait pas suffi ». Hélas.