Accueil Bordeaux : Maison Bouey innove avec ses « Parcelles »

Bordeaux : Maison Bouey innove avec ses « Parcelles »

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

25.10.2020

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Propriétaire de châteaux et négociante, la Maison Bouey est une des dernières maisons familiales indépendantes à Bordeaux. C’est en 1821 que Jean Bouey acquiert les premières vignes familiales, au cœur du Médoc. Roger Bouey (1901-2000) crée en 1958 sa propre Maison de Négoce : MAISON BOUEY. Aujourd’hui, elle a comme uniques actionnaires Patrick et Jacques Bouey.
Si l’activité traditionnelle perdure, ses développements l’ont amenée à vouloir « proposer des vins en harmonie avec les attentes de nos consommateurs ». Jacques Bouey explique : « pour le consommateur, la présentation par châteaux est parfois complexe à lire. Notamment, la notion de château n’existe pas à l’étranger. Pour la maison Bouey, il fallait donc trouver une offre relais plus facilement repérable par le consommateur et donc se réinventer en partant d’une page blanche ». Des groupes de réflexion ont été mis en place, regroupant du viticulteur aux commerciaux, en passant par l’œnologue et les graphistes. Le résultat est une nouvelle ligne de vins, originale quant à son élaboration et audacieuse sur le plan du marketing.

La notion de micro-terroir appliquée à la gamme des vins

Patrick et Jacques Bouey ont donc choisi de s’approcher de la notion de micro-terroir et d’identifier puis de travailler les meilleures parcelles, qu’elles soient au sein de leur propres vignobles ou dans les châteaux qui souhaitent travailler sous contrat avec la Maison Bouey. De ce fait la nouvelle gamme prend le nom « Les Parcelles » et le nom du château s’efface totalement au profit de la notion d’appellation pour laquelle un numéro est attribué : l’acheteur ou le consommateur, « surtout lorsqu’il s’agit d’un étranger, mémorisera plus facilement un N° plutôt qu’une appellation », indique Stéphane Lefevre, le Directeur Général. Car la Maison Bouey exporte une grande partie de sa production.
Jacques précise : « on travaille avec la méthode parcellaire qui est appliquée dans les grands crus. Les parcelles choisies sont parmi les meilleures des châteaux. On a cherché à retrouver la qualité ». Pour atteindre cet objectif de qualité, des règles et des moyens sont mis en œuvre.

Stéphane Derenoncourt comme consultant

En tout premier lieu, Maison Bouey vise l’unité des pratiques afin de donner une cohérence et une identité aux vins. Pour cela elle prend soin de s’attacher les services du consultant Stéphane Derenoncourt. « On cherche une typicité des vins de Bordeaux plus moderne, des vins qui soient plus gourmands et plus élégants ». Un changement de cap qui atteste d’une écoute des consommateurs mais aussi de la restauration.
Les vignerons qui ont contractualisé avec Maison Bouey (80% de la production « Les Parcelles ») « doivent accepter de voir Stéphane Derenoncourt intervenir sur la vigne. Et sur la vinification on prend la main », bien que celle-ci se fasse chez le vigneron. Ce vigneron va donc s’engager sur un cahier des charges et en contrepartie, Maison Bouey « s’engage à un prix d’achat de 10% au-dessus du marché ». Et si Stéphane Derenoncourt a accepté de travailler sur ce projet c’est qu’il « voulait un juste équilibre entre la propriété et le négoce », indique Jacques Bouey. Parmi les bénéfices que peuvent tirer les vignerons de cette contractualisation, on mentionnera une visibilité contractuelle sur le prix et l’écoulement sur plusieurs années. Et le fait d’apprendre avec l’équipe Derenoncourt : un service que le vigneron ne paie pas. « On veut donner le savoir-faire des grands crus au plus grand nombre » conclut Jacques Bouey.

Des vins positionnés pour la restauration

Si la notion d’appellation se substitue à celle de château on pourra néanmoins « avoir des vins issus de certaines appellations de prestige comme Saint-Émilion grand cru ». Des prix raisonnables sont annoncés pour le lancement de cette gamme, ce qui ne devrait pas manquer d’intéresser la restauration à l’affut de vins accessibles tant par le style que par le prix, sans oublier leur buvabilité.
Enfin, toujours pour répondre aux attentes du consommateur Jacques Bouey indique que l’équipe « est en train de travailler sur un Bordeaux rouge bio ».

Parmi les 6 vins qui sont commercialisés, nous avons apprécié le bordeaux blanc « Les Parcelles » N°9 2019. Un assemblage sauvignon-sémillon bien équilibré. Au nez des notes d’agrumes, de pêche blanche, fruit de la passion et aubépine. Une bouche un peu grasse, persistante qui se conclut sur une finale de bonbon citron acidulé. Une vivacité maîtrisée. A l’apéritif ou sur un poisson en sauce.
Également, N°1 Saint-Émilion Grand Cru 2015. Un nez séducteur de fruits rouges. Les tanins sont fondus, la bouche gourmande avec une chair soyeuse. De la fraîcheur. Très agréable, élégant mais aussi gourmand et solaire. L’élevage est modéré et parfaitement intégré. Une belle réussite.