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Bordeaux : réflexions autour de la biodynamie

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

03.02.2016

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A l’heure où le débat sur les pesticides est plus que jamais d’actualité, trois étudiants de la Maison Familiale et Rurale de Vayres (Gironde) ont organisé jeudi dernier à Planète Bordeaux (Beychac-et-Caillau) une conférence autour de la biodynamie, animée par un beau panel de professionnels de la viticulture.

Bordeaux était encore une fois pointé du doigt hier soir dans l’émission « Cash Investigation », sur France 2, pour l’usage de pesticides dans ses vignes. Pourtant, à côté de la viticulture conventionnelle, certains sont partisans de longue date d’un mode de culture alternatif : la biodynamie. Jeudi 28 janvier, à l’invitation d’Anne-Sophie Blaiset, Jessie Moulet et Jérôme Chandes, tous trois étudiants en BTSA viticulture-oenologie à la MFR de Vayres, sept grands noms locaux des différents courants de la biodynamie, vignerons ou oenologues, ont répondu présents pour une conférence-dégustation sur ce thème. Autour de la table ce soir-là : Anne Calderoni (œnologue, Ac Conseils), Jacques Foures (œnologue ; Association Aquitaine Biodynamie), Gabriel Barre (château La Grave; Renaissance des Appellations), Philippe Betschart (château Les Graves de Viaud ; Demeter), Alain Dejean (Domaine Rousset Peyraguey) et David Poutays (Clos de Mounissens) pour l’association Terra Dynamis, Thierry Valette (Clos Puy Arnaud ; Biodyvin).

« Tout l’enjeu de la biodynamie est de faire du bon vin sans ruiner la planète » rappelle avec conviction Gabriel Barre. Le postulat de départ de ce mode de culture? « Pour récolter du bon raisin, et faire du bon vin, il faut une terre vivante » explique-t-il. Les vins en biodynamie sont le fruit d’une réflexion environnementale globale, axée autour du triptyque sols-vigne-vin. Oubliés les traitements chimiques répétés, bonjour les méthodes et préparations naturelles. Travaillés avec soin, les sols retrouvent leur vigueur, favorisant ainsi l’enracinement en profondeur de la vigne.

De l’art de la biodynamie

Existe-t-il une méthode magique pour produire bon en biodynamie ? Pas de règle préétablie, rien de consensuel ou de figé. A chacun de connaître et comprendre son terroir grâce à l’expérimentation, pour adopter les pratiques adéquates. « Il faut que les gens se décomplexent, qu’ils observent, soient créatifs et fassent leurs expériences par eux-mêmes. Qu’ils osent et sortent de leur zone de confort, en travaillant le vivant pour exprimer des émotions dans leurs vins  » explique l’œnologue Anne Calderoni. Ainsi, Philippe Betschart, viticulteur depuis cinq ans au château les Graves de Viaud, a-t-il rapidement constaté les effets de la biodynamie. « J’ai assisté à une différenciation parcellaire très rapide, et même à une sous-différenciation parcellaire. La biodynamie a par exemple fait ressortir la salinité de mes cabernets », se rappelle-t-il. Avec à la clé des cuvées affirmant chacune un profil gustatif propre.

De façon générale, à quels caractères gustatifs peut s’attendre le consommateur avec les vins biodynamiques ? « Un vin reflétant au plus près le terroir et ses spécificités » répondent unanimement les professionnels présents ce soir-là. « Il y a dans ces vins quelque chose de net, franc, pur  » décrit Jacques Foures. D’après lui, « la création des vins en biodynamie, entièrement naturels, ne portant par atteinte à la nature, est aussi ce que recherche la clientèle ». La biodynamie, modèle de viticulture de demain ? Seul l’avenir nous le dira.