Dimanche 8 Décembre 2024
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25.09.2022
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Les hasards de la vie peuvent vous faire atterrir devant une cave exceptionnelle. À Mareuil-en-Périgord, loin de tout mais près du cœur, Gilles et Christiane subliment leur passion à l’endroit des vins et des spiritueux. Une aventure !
L’homme au tablier portant une caisse de vins et sifflotant dans les rues de Mareuil-en-Périgord s’appelle Gilles Amherdt. La personne qu’il s’apprête à rejoindre dans l’immense boutique est son épouse, Christiane. Derrière-elle s’étalent et s’alignent des mètres linéaires d’étiquettes. La Cav’Épicerie compte quelque 700 références de vins et autour de 200 spiritueux, sans parler des bières et autres plaisirs avouables. C’est la cave d’Ali Baba enfouie en plein cœur du Périgord, le vert, non loin de Brantôme ou du petit village de Hautefaye - là où un célèbre vigneron de la Loire trouva la mort dans un accident d’ULM.
De la passion…
Le magasin est un véritable labyrinthe entre les caisses de vins et Gilles n’est pas le champion de l’inventaire : « Je ne sais même pas combien j’ai de bouteilles en stock », confie-t-il. Plus cocasse, ce magasin inouï est l’histoire d’une reconversion. Le couple est originaire du Nord. Gilles est de Boulogne-sur-Mer et Christiane des Flandres, plus précisément de Steenvoorde. Dans une première vie, Madame est dans la Recherche et le Développement industriel et Monsieur exerce dans l’univers du marketing et de la vente dans des multinationales. Le premier chemin de Damas est emprunté par Christiane qui se lance dans le loisir créatif – le scrapbooking. De son côté, Gilles se découvre petit à petit un intérêt certain pour la dégustation de vins et de spiritueux. Alors, à la fin des années 2000, Christiane offre à son époux une année de cours du soir. C’est le pied, Gilles sent, goûte, recrache, note : les yeux du quadra s’illuminent. « C’était au club d’œnologie de Voisins-le-Bretonneux, c’est l’élément déclencheur, très vite je participe à la coupe de France et des championnats de dégustation à l’aveugle, les visites de vignobles s’enchainent, je rencontre mes futurs pairs, des cavistes, des négociants », raconte Gilles. Il devient geek, mieux il gagne en équipe, la coupe de France 2013. Les millésimes passent et le couple songe sérieusement à s’offrir une deuxième vie. Une affaire est sur le point de se concrétiser en région parisienne mais le Rubicon se franchit au final dans la paisible et luxuriante Dordogne, loin du Nord, à Mareuil-en-Périgord.
… à la raison
Les quinquas Christiane et Gilles connaissent, aiment cette région de France et surtout une opportunité se présente au 13 du boulevard Bouteiller. « Un établissement est à vendre, c’est une cave polyvalente, une cave au milieu des gens, à la campagne, c’est un cocon traditionnel dans lequel on peut travailler de façon moderne », explique le couple. La signature en bas à droite apparaît et les portes s’ouvrent le 14 novembre 2019. La Cav’épicerie existe depuis 1937, la devanture en témoigne toujours et le couple se plaît à maintenir le service de vins en vrac, au pistolet. Aussi, le modèle économique comprend la location de buvettes et de tireuses à bière pour les associations locales. La connexion aux fêtes de village fait partie de l’histoire. Fort de son expérience de dégustateur à l’aveugle, Gilles a ôté les chaussettes pour multiplier les références dans ses étals. À commencer par les pépites locales comme Gaëlle Reynou du Domaine de Perreau à Montravel, Pierre-Etienne Serey des Hauts de Caillevel en Bergerac ou Mickaël Gaulhiac du Château Hukulumbarros en Pécharmant. « On aime les vins de terroir avec des vignerons engagés », résume Gilles Amherdt. Naturellement, le goût enjambe les frontières, par exemple au Mas des Bressades en Costières de Nîmes où son ex-binôme de dégustation à l’aveugle, Rémy Levasseur, sévit en tant que maître chai. C’est une histoire d’amour et de fidélité avec un penchant aussi certain pour les spiritueux au premier rang desquels le lorrain Rozelieures, les Hazelburn écossais, le bourbon Blanton’s ou le gin de la distillerie de l’Òrt. Il faut se méfier des rêves d’enfants, disait Goethe, ils finissent tous et toujours par se réaliser. À Mareuil-en-Périgord, ce fut un rêve de grands enfants.
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