Accueil [Champagne Tasting] B 13 : la cuvée écrite noir sur blanc par Bollinger

[Champagne Tasting] B 13 : la cuvée écrite noir sur blanc par Bollinger

Auteur

Yves
Tesson

Date

23.10.2021

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Détrompez-vous, « B 13 » n’est pas le nom de code de la dernière bombe dérobée par les terroristes de Spectre, mais celui d’une édition limitée de la Maison Bollinger, la deuxième du genre, pour une collection issue d’une lubie d’œnologues consacrée aux millésimes atypiques. Présentée aujourd’hui par Bollinger à l’événement Champagne Tasting organisé par Terre de vins à l’hôtel Salomon de Rothschild, nous sommes allés rencontrer Denis Bunner, l’adjoint du chef de caves, pour en savoir davantage sur ce pinot noir tout en contrastes, un peu à contre-courant du style habituel de la marque.

Dans la série des éditions limitée, il existe une collection audacieuse baptisée « By Bollinger » consacrée aux années atypiques, celles que la prudence appellerait à ne pas millésimer, mais que la curiosité des œnologues de la Maison a conduit à explorer. Le premier opus avait été 2003, une année très chaude avec un PH élevé qui laissait à penser que les vins ne pourraient pas tenir dans le temps. Quitte à pousser la différenciation jusqu’au bout, au lieu de compenser par le choix de terroirs froids, l’équipe œnologique de Bollinger avait au contraire cherché les expositions les plus chaudes en choisissant comme cru dominant Aÿ. « Quand tu prends des risques, c’est là où souvent les plus belles choses arrivent » confie Denis Bunner, l’adjoint du chef de caves de la Maison.

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Denis Bunner, l’adjoint du chef de caves de la Maison Bollinger

Le deuxième opus qui vient tout juste de sortir représente d’une certaine manière le symétrique inverse puisqu’il part d’un millésime réputé particulièrement froid. La floraison survenue le 2 Juillet n’avait sans doute jamais été aussi tardive et les vendanges n’avaient débuté que le 30 septembre. Comme en 2003, beaucoup de maisons ont fait l’impasse sur 2013 considérant le niveau d’acidité trop élevé et la maturité trop faible. Pour Bollinger qui aime les pinots noirs plutôt mûrs et chaleureux, on était loin du style habituel. Mais, en même temps, ce millésime de contrastes avec un printemps très froid auquel avait succédé un été très chaud, intriguait. Aussi, comme pour 2003, on a cherché à pousser le curseur jusqu’au bout en choisissant un terroir froid comme cru dominant, en l’occurrence Verzenay (51%), que l’on a complété par Aÿ, Louvois, Tauxières et Mareuil.

De façon amusante, cet aspect contrasté ressort dans la dégustation. Au nez, on est sur quelque chose d’assez chaleureux qui oscille entre le miel, un côté un peu fumé, légèrement poivré et des notes de noisettes. On s’attend en bouche à tomber sur quelque chose d’assez rond, on est surpris au contraire par la minéralité, la tension, la pureté juste relevée par quelques notes de citron confit. « Je pense qu’à l’aveugle, beaucoup de gens n’imagineraient pas forcément un pinot noir. On a une telle fraîcheur. Rien à voir avec le côté bien assis, ancré et puissant de 2003. Clairement, ce n’est pas un pinot noir à viande. Cette cuvée a d’ailleurs participé à la gestation du projet des cuvées PN lancé en 2015 qui cherche à explorer toutes les facettes de ce cépage emblématique de notre maison. »

Ce jeu de contrastes se retrouve jusque dans le packaging à travers ce choix résolu d’un habillage noir et blanc qui traduit bien l’idée de cette cuvée écrite noir sur blanc. On a en effet d’un côté le choix d’un 100 % pinot noir et de l’autre la blancheur de la craie des grands crus et premiers crus qui constituent de manière exclusive l’assemblage. La blancheur évoque aussi celle de la neige toujours présente au mois d’avril cette année-là. Il faut noter le jeu astucieux sur la lettre B de Bollinger dédoublée pour figurer le chiffre 13. Enfin, on goûtera d’autant plus volontiers ce millésime, qu’il n’est pas sans rappeler par son profil celui de 2021, une année marquée également par un printemps froid, une vendange tardive et des vins d’une belle acidité… Si on en juge par la qualité de ce 2013, 2021 n’est certainement pas une année perdue !

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Photo: Champagne Bollinger

Prix recommandé : 115 €

www.champagne-bollinger.com