Mardi 15 Octobre 2024
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24.09.2020
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L’Association « Champagne, Terroirs etc… », qui regroupe dix vignerons indépendants, proposait lundi un pique-nique au milieu des vignes de Berru pour présenter son nouveau coffret 2021. L’occasion de découvrir de nouveaux adhérents, une boutique éphémère qui doit ouvrir à Lille, et bien-sûr des champagnes d’exception.
L’événement s’est ouvert par une visite chez le champagne Gaidoz Forget à Ludes, géré par Luc Gaidoz, président de l’association. Ce vigneron toujours prêt à de nouvelles expérimentations illustre bien l’état d’esprit de l’Association et les identités très marquées qui la composent. Alors que ses vignes se situent pour l’essentiel sur la Montagne de Reims, un terroir réputé pour ses pinots noirs, les grands-parents ont décidé de privilégier le Meunier (80% de l’encépagement) pour lequel ils avaient une affection particulière ! Autre originalité, la marque propose un blanc de blancs qui assemble le chardonnay et un cépage un peu oublié en Champagne, le Meslier (de plus en plus prisé avec le réchauffement climatique pour son acidité). Enfin, sur le plan de la vinification, afin de favoriser la plus juste expression du terroir, Luc Gaidoz a choisi de se lancer dans les levures indigènes sélectionnées et ce malgré les contraintes : plus sensibles au froid, elles nécessitent un temps de fermentation plus long mais apportent un côté brioché au vin et une belle précision aromatique.
Champagne Jacques Picard : le terroir original de Berru
La visite s’est ensuite poursuivie chez le champagne Jacques Picard à Berru, qui vient d’adhérer à l’Association. Une belle recrue ne serait-ce que par l’originalité de son terroir. Seule partie du vignoble occupée pendant trois ans au cours de la Grande Guerre, Berru a été sinistré par les bombardements et n’a été replanté que dans les années 1950, avec au préalable un remembrement qui a permis de reconstituer des parcelles très vastes. Pour ce champagne en conversion bio depuis deux ans, l’avantage est conséquent : on ne subit pas autant les traitements éventuels du voisin. On notera les pratiques culturales originales du champagne Jacques Picard souvent glanées au gré de voyages comme celle qui consiste à ne pas rogner, mais à tresser les bruns supérieurs au-dessus de la vigne. L’intérêt ? « Plus on va développer le volume aérien, plus on va développer le volume de racine ». Ici aussi on expérimente tous azimuts : l’une des cuvées est sans sulfite, on vinifie pour partie en fût avec un effort de traçage sur les terroirs des bois utilisés, le brut nature est composé exclusivement de deux soleras (une de Chardonnays, l’autre de noirs)… Le tout s’appuie sur un outil industriel de pointe avec notamment une cave artificielle climatisée grâce un puits canadien : rien à voir avec les préjugés qu’on a parfois sur le matériel sommaire des vignerons pour la vinification.
Un groupe de vignerons dans le vent
Tous les ans, l’Association propose un coffret (420 euros TTC) dans lequel chaque vigneron place une cuvée qui lui est chère. Pour accompagner ces vins, un repas au milieu des vignes a été composé par trois chefs membres du groupe « les nanas de la foodsphère », Beatriz Gonzalez (Mexicaine), Flora Mikula (Française d’origine polonaise) et Keika Nagae (Japonaise). Le menu mêlant les cuisines du monde était à la hauteur de la diversité des champagnes présentés et le symbole des valeurs d’ouverture sur les autres cultures portées par l’Association. Car nos vignerons ont les pieds dans leurs vignes mais le regard qui porte vers des horizons plus lointains : une boutique éphémère va ainsi ouvrir ses portes dans le vieux Lille pour commercialiser leurs champagnes du 17 octobre au 15 Janvier 2021 : « une ville dynamique, jeune, avec beaucoup de personnes qui apprécient le champagne, de nombreux touristes belges, hollandais. Nous organiserons des dégustations tous les vendredis pour permettre de rencontrer les vignerons ».
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