Accueil Château Moulin à Vent : Moulis version Bio

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

01.02.2019

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Propriété emblématique de l’appellation Moulis-en-Médoc, avec laquelle il partage la même étymologie, le château Moulin à Vent est un fer de lance du groupe Vineam, l’un des leaders de la production de vins bio en Gironde.

Toutes les croupes de Moulis étaient jadis parsemées de moulins à vent, ce qui a donné son nom à ce cru bourgeois situé dans l’appellation Moulis-en-Médoc (le nom de Moulin-à-Vent vient du nom Moulis, autrefois moulix qui veut dire moulin). Ce château fait partie, depuis 2013, du groupe VINEAM, l’un des leaders de la production de vins bio en gironde. Cette société, appartenant à deux frères chinois dont l’un (Yuan YOU en est le président), possède 6 châteaux sur 270 ha, tous en bio. Jean-Baptiste Soula, son directeur général, milite avec une conviction sans faille pour le bio, comme il défend aussi l’intérêt de produire des vins sans sulfite ajouté.

Une vigne vivante

Pour Jean-Baptiste Soula et les équipes de Vineam, la notion de « vigne vivante » est centrale. A Moulin-à-vent, on a intégré la notion d’enherbement de la vigne comme une source de matière organique permettant d’augmenter la vie biologique des sols. L’enherbement améliore l’état sanitaire de la vigne et contribue à améliorer la qualité finale des vins. Outre la réintroduction des résidus de la taille (sarments) et de la récolte (rafles), des semis d’hiver et de printemps sont effectués : « La fèveroles et la vesce apportent de l’azote. La moutarde permet de décompacter les sols » précise Benoit Miche de Malleray, le futur chef de culture, présent depuis 18 mois maintenant et qui trouve à Moulin à Vent un terrain d’application à ses convictions respectueuses de la nature.

« Travailler les sols avec des machines lourdes entraine de la mortalité sur les vignes ainsi qu’une érosion des sols » nous dit Jean-Baptiste Soula car « un sol labouré peut perdre 1 à 2 tonnes de terre/ha ». Il n’y a donc plus de labour ou de rotavator à Moulin à vent. « Depuis une vingtaine d’années les techniques culturales simplifiées s’appliquent de plus en plus. On sème sans préparation des sols sur les 270 ha de VINEAM ». Un outil spécifique, récemment acheté, est dédié à ces semis. En semant entre les rangs, « nous cherchons à créer les conditions favorables du retour des alliés naturels de la vigne. Il faut arrêter d’utiliser des outils traumatisants ».

Jean Baptiste Soula est également fier de « ne plus planter de parcelle sans haie. Il faut faire revenir la vie. On souhaite avoir des oiseaux, des chauves-souris. Mais aussi se protéger des épandages des voisins ». On trouve également des ruches sur la propriété. « Elles n’apportent rien à la vigne mais c’est une contribution globale à la vie et à la sauvegarde de l’espèce. On est simplement conscient de l’influence négative de l’homme dans la campagne et il convient de rendre à la nature ce qu’on lui a pris. ».

Des vins sans sulfite

Pour Jean-Baptiste Soula, passer en bio ne suffisait pas, il fallait s’engager dans la voie du « sans sulfite ». Un acte de conviction qui produit des résultats tangibles. Le directeur général explique qu’ « un comparatif des vins au sein du groupe VINEAM montre que les vins sans soufre sont meilleurs». Le dioxyde de soufre, le fameux SO2, « peut masquer certains arômes et se combiner avec d’autres pour les modifier ». Supprimer les sulfites présente néanmoins des risques que les progrès technologiques permettent désormais de maîtriser. Outre la sélection et l’apport des bonnes levures, « il faut être rigoureux sur l’exposition à l’oxygène » à chaque moment de la vinification et du travail du vin. « La présence de gaz carbonique est un rempart contre l’oxygène et protège le vin ».

Cette bio-protection est aussi efficace que le sulfitage mais elle exige de repenser la manière de faire, ce que VINEAM a fait depuis quelques années avec succès. « On cherche la finesse: c’est l’élégance qui prime ». Pour cela « on ne multiplie pas les remontages et les délestages, on extrait ce qui est juste, on ne pousse pas ». C’est ainsi que les vins gagnent en typicité grâce à une indispensable maitrise technique des risques car « on ne pardonne pas au bio d’être mauvais », dit Jean-Baptiste Soula. Une manière de dire que les producteurs de vins bio sont, plus que les autres, condamnés à réussir.

L’avenir

On se demande souvent si produire en bio est une affaire aussi rentable qu’en « non bio ». Jean-Baptiste Soula est clair sur ce point : « produire en bio demande davantage de main d’œuvre mais ce surcoût est compensé par une moindre dépense en produits phytosanitaires ». Pour étayer la réflexion, on s’appuiera sur le « référentiel économique du vigneron 2016 » édité par la chambre d’agriculture de la Gironde. Ce document présente la réalité des coûts de productions entre le bio et le raisonné à partir d’une étude sur quatre exploitations viticoles type. « A 5% près, on est sur le même chiffre » conclut Jean-Baptiste Soula. Donc « on reste en bio, c’est parfaitement réalisable, d’autant que dans les années difficiles comme en 2018, on a su protéger la vigne des maladies ». Cette conviction se retrouve sur le site web de Vineam, très pédagogique sur la question de la viticulture biologique.

Dans le viseur du château Moulin à Vent, le nouveau classement des crus bourgeois attendu en 2020. Moulin-à-vent s’y prépare avec le plus grand sérieux. Et Jean-Baptiste Soula d’y croire avec ferveur : « on était cru bourgeois supérieur en 1932 (date du premier classement), on l’était en 2003 (classement cassé par une décision de justice), on l’a perdu avant qu’on soit propriétaire et on espère le devenir à nouveau, il n’y a pas de raison, le terroir est là ! ».