Accueil Provence : l’envol de la dénomination Notre-Dame-des-Anges

Provence : l’envol de la dénomination Notre-Dame-des-Anges

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

23.09.2020

Partager

La cinquième Dénomination Géographique Complémentaire de Côtes-de-Provence, Notre-Dame-des-Anges, a été lancée officiellement devant la chapelle du même nom à Pignans (83), assortie d’une présentation du millésime 2019 en rosé et rouge.

Il ne pouvait y avoir d’autres noms pour la nouvelle Dénomination Géographique Complémentaire (DGC) ni d’autre lieu que la chapelle éponyme pour le lancement officiel de l’appellation Côtes-de-Provence Notre-Dame-des-Anges. Tout en haut de la colline, au point culminant du massif des Maures à 730 mètres, le monastère embrasse un vaste panorama de Toulon à Saint-Tropez en passant par Porquerolles. Mais point de vignes à l’horizon dans cette marée forestière d’oliviers, de pins parasols, de châtaigniers et de chênes-lièges, ni en montant par de petites routes tortueuses et étroites de Pignans ou de Gonfaron (elles ne sont pas plantées à plus de 180-200 mètres). « Mais le nom s’est imposé car on voit Notre-Dame des Anges de tout le vignoble, de Carnoules aux Arcs-sur-Argens en passant par la plaine des Maures et cela évitait de choisir le nom d’un seul village », précise le président Jean-Pierre Daziano (Domaine de la Fouquette).

Des vins d’équilibre

L’histoire de cette nouvelle dénomination de terroir des Côtes de-Provence, la cinquième après Sainte-Victoire, Fréjus, La Londe et Pierrefeu, n’était pas qu’une histoire de nom. Des fosses pédologiques ont permis de mieux caractériser les sols, (les pélites rouges, des schistes en bordure des Maures, des sables et les anciennes terrasses alluviales de l’Aille). « Nous sommes au centre d’une grande vallée en arc de cercle le long du massif des Maures, détaille Mireille Conrath, œnologue et responsable technique du CIVP (Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence). Le climat y est méditerranéen avec des influences continentales, les hivers sont frais et pluvieux avec en moyenne 850-900 mm de pluies par an, les étés très chauds et secs. Les fortes amplitudes thermiques favorisent de belles maturités tout en préservant l’acidité ». « Cela donne des rosés sur une notion d’équilibre, en finesse et en longueur avec une légère salinité et des rouges plutôt de garde », précise Jean-Pierre Daziano.

Une poignée de vignerons a donc entrepris à partir de 2003 d’étoffer le dossier à présenter à l’Inao avec tous ces éléments. Les démarches se sont intensifiées depuis 2012 pour aboutir à la validation du cahier des charges en 2019 avec un rendement limité à 50 hl/ha (au lieu des 55 des Côtes-de-Provence sans mention), grenache, cinsault, syrah en cépages principaux, mourvèdre, tibouren, cabernet-sauvignon, carignan, clairette, sémillon, ugni blanc et rolle en cépages secondaires, et un an d’élevage obligatoire pour les rouges. 273 ha ont été revendiqués en 2019 (320 ha en 2020) sur une dizaine de communes*. Près de 4300 hl (soit plus de 570 000 bouteilles) dont 3900 hl de rosés ont été produits pour ce premier millésime par une dizaine de caves particulières et cinq coopératives. « Pour y arriver, il fallait des vins caractérisés et des vignerons motivés » insiste Jean-Pierre Daziano (photo ci-dessous). « Les dénominations de terroir sont la richesse des Côtes-de-Provence, qui s’inscrit dans une démarche de montée en gamme, a souligné le président de l’ODG Côtes-de-Provence Eric Pastorino. Il faut penser à servir ces vins pour les faire découvrir lors des événements dans les communes ».

*Les Arcs-sur-Argens, Carnoules, Taradeau, Vidauban, Le Cannet-des-Maures, La Garde-Freinet, Le Luc-en-Provence, Les Mayons, Gonfaron et Pignans.