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[Côtes du Rhône] Cépage floréal, à boire et déboire

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

13.04.2023

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Au domaine Gabriel Monier, à Tulette, de nouveaux cépages résistants ont été plantés en 2019. Arrivé en production, vinifié, le floréal dévoile aujourd’hui ses caractéristiques.

S’il se définit comme paysan-vigneron, Cyril Monier est surtout un homme bienveillant avec dame nature. En reprenant le domaine de son père, il a suivi une lignée de vigneron à la logique agronomique qu’il résume ainsi : « éviter, limiter, compenser ». S’il a planté 0,40 ares de floréal en 2019 (mais également du vidoc et de l’artaban en rouge), c’est plus par curiosité pour ce cépage que par intérêt, ou « pour répondre aux diktats de la pression phytosanitaire ». Il reconnaît sa résistance au mildiou et à l’oïdium mais s’interroge encore sur son comportement face à la sécheresse.

L’AOC a l’arrêt
Le floréal fait partie du dispositif VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adaptation) mis en place par le comité national des AOC viticoles (CNAOV) afin que les ODG puissent évaluer de nouvelles ou anciennes variétés, qui présenteraient un potentiel d’adaptation à une problématique bien identifiée, tout en gardant le bénéfice du SIQO (Signes d'identification de qualité et d'origine). Pour faire partie de l’AOC, il est soumis à plusieurs conditions, telle la limitation à 5% de l’encépagement de l’exploitation et à une incorporation dans les assemblages limitée à 10%. Après avis favorable en novembre dernier, le dossier de demande auprès de l’INAO est toujours à l’étude…

Champion à la dégustation
C’est un cépage très précoce, comme le chardonnay. Cyril Monier a constaté que suite au gel de 2021, le floréal a été plus tardif que les deux rouges. Palissé, car il produit beaucoup de bois, ses baies ressemblent à celles du viognier: petites et dorées. Le vigneron l’a récolté le 12 août, recherchant les petits degrés et in fine la tension, pour un vin d’entrée de gamme.

Le but est atteint. En dégustation, dans sa version mono cépage, donc en IGP, « La ferme de Gaby » (6€) a un profil aromatique, plutôt discret, qui tend vers les fruits exotiques, le fruit de la passion. L’attaque est incisive, citronnée, fraîche, d’une longueur moyenne. Il faut l’imaginer avec des crustacés, un wok de crevettes.