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[Covid-19] Les grandes maisons de Loire restent actives

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

13.04.2020

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Dans la Loire, les grandes maisons ont vite réagi pour maintenir une activité en dépit du Covid-19. Les mises en bouteilles ont repris et les expéditions se poursuivent, même si c’est à un rythme réduit. Les équipes de direction gèrent l’urgence mais se préparent déjà pour l’après confinement.

Le début du confinement a été une période étrange pour les grandes maisons de Loire. On a vu des comportements extrêmes, entre les employés très attachés à leur travail et ceux qui avaient très peur du virus. Dans la plupart des cas, la production, travail en cave et mise en bouteille, a été stoppée net, pour privilégier la santé et la sécurité de tous. S’en est suivie une période de réflexion courte mais très active pour les comités de direction et les services de relations humaines. La clientèle des restaurants s’est arrêtée net, bien sûr, mais les commandes de la grande distribution et de l’export n’avaient pas cessé et devaient être honorées.

Poursuivre l’activité avec des pratiques nouvelles

« Mettre toute notre énergie pour poursuivre l’activité » a été le maitre mot pour Bernard Jacob, directeur d’Orchidées Maisons de Vins et président de l’UMVL, Union des Maisons & Marques des Vins de Loire. En effet, les premiers discours officiels étaient très anxiogènes, à un moment où les commandes de l’export et des GMS restaient normales. « Il a fallu faire comprendre aux collaborateurs qu’on pouvait mettre en place les précautions recommandées et poursuivre une grande partie de nos activités ».

Au bout d’une semaine, la situation s’était à peu près normalisée pour les 300 employés d’Orchidées, qui regroupe les maisons Ackerman, Monmousseau, poids lourds de la fine bulle de Loire, ainsi que Donatien Bahuaud en Muscadet et le Château de Sancerre, entre autres. Tout ce qui est administration et marketing est facilement passé en télétravail, la production se poursuit en fonction des commandes qui continuent d’arriver de la grande distribution. La restauration est arrêtée. La vente directe est maintenue dans les plus grands caveaux, réaménagés en drive mais les résultats ne dépassent pas 10% du chiffre habituel. Bernard Jacob réfléchit au scénario qui attend la profession après au moins deux mois de vente perdus sur les secteurs frappés, la restauration et le grand export : « il y a des entreprises qui ne pourront pas s’en sortir. Et pour une sur deux, des réorganisations seront indispensables ».

Sans surprise, Nicolas Emereau, à la tête de l’union de coopératives Alliance Loire, renchérit sur cette incertitude, la période de récession qui attend tout le monde et les petites entreprises qui ne passeront pas le cap. Il voit aussi le bon côté de la crise sanitaire « qui nous a obligés à réfléchir, à mettre en places de bonnes pratiques, qui persisteront ». Avec un résultat de -25% à fin mars, à cause de l’arrêt de la restauration et l’activité réduite des cavistes, il envisage une baisse de 15% de l’exercice à fin juillet, soit deux mois de perdus. Mais il s’interroge surtout sur l’après : quel sera le comportement des consommateurs ?

L’export continue partiellement

Les expéditions à l’export ont été ralenties, non pas à cause d’annulations, mais parce que les containers font défaut. Ils sont en effet nombreux à avoir été bloqués en Chine, premier pays à avoir cessé ses activités. Il faut donc attendre qu’ils soit vidés et réexpédiés. Personne n’apprécie de faire voyager des containers à vide…

Pour la maison Bougrier, négoce présent sur toute la vallée de la Loire, l’activité est maintenue de façon « presque normale ». Toutes les équipes sont au travail avec des mesures sanitaires strictes, à l’exception d’une personne à la santé fragile. La seule différence est que le recours aux intérimaires a été suspendu. Nicolas Bougrier qui s’installe progressivement à la tête de la maison familiale de Saint-Georges-sur-Cher (Loir & Cher) avec sa sœur Sophie explique que l’export, qui concerne la moitié des ventes, se maintient, de même que la grande distribution. « La réouverture des boutiques Nicolas, que nous fournissons historiquement en gammes spéciales, est arrivée au bon moment ». En revanche il sait que le développement de la maison en restauration, qui était son objectif principal pour 2020, est reporté à l’année prochaine.

« Les opérateurs qui travaillent avec la grande distribution maintiennent un peu de flux. Le plus compliqué est pour les vignerons indépendants, puisque les vente à la cave sont à l’arrêt et pour ceux qui commercialisent en vrac » déclare Sylvain Naulin, directeur d’Interloire, l’Interprofession des vins Val de Loire. Le marché intérieur est vital, mais la Loire exporte tout de même 15 à 20% de sa production. Ce marché export continue, avec une certaine irrégularité depuis l’arrivée de la taxe de 25% sur les vins tranquilles en octobre dernier. Mais il craint qu’à terme, la taxe risque de se trouver négligeable par rapport à l’impact du Covid-19.