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Décès de Jacques Péters, ancien chef de caves de Veuve Clicquot

Photo: Xavier Lavictoire

Auteur

Yves
Tesson

Date

22.11.2021

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Ancien chef de caves du champagne Veuve Clicquot, Jacques Péters nous a quittés le 17 novembre dernier. Issu d’une famille de vignerons du Mesnil-sur-Oger, il avait enrichi la gamme de la Maison en créant le Rich réserve, mais aussi le rosé non millésimé. D’une grande rigueur, il avait su établir de vraies relations de partenariats avec les vignerons qui approvisionnent la marque.

Les obsèques de Jacques Peters ont lieu aujourd’hui à la Basilique Saint-Remi à Reims. L’ancien chef de caves de la Maison Veuve Clicquot était un enfant du pays, issu d’une famille de vignerons de la Côte des Blancs, où son neveu Rodolphe Péters est aujourd’hui encore récoltant-manipulant au Mesnil-sur-Oger. Né en 1946, il fréquente dans sa jeunesse le Lycée d’Epernay où il a pour condisciples Jean-Luc Barbier, l’ancien directeur du CIVC, et Daniel Thibault, ancien chef de caves de la Maison Piper-Heidsieck. Il entreprend ensuite des études d’œnologie. Après une première expérience chez Jacquart, il rejoint en 1979 la Maison Veuve Clicquot pour devenir le bras droit du chef de caves, Charles Delhaye. Il lui succèdera en 1986 après un long tuilage dans la plus pure tradition champenoise. Autrefois, rappelle Christian Renard, l’ancien directeur du vignoble qui travaillait à ses côtés, le chef de caves avait également en charge la gestion des approvisionnements externes en raisins. Jacques Péters excellait dans ce domaine : "Il a institué de nombreuses dégustations de vins clairs avec les vignerons, ce qui était moins fréquent avant lui. Il a compris très tôt qu’on allait davantage vers des relations de partenariats plutôt que de simples relations d’acheteurs/vendeurs, peut-être aussi parce que lui-même était issu d’une famille de vignerons".

Jean-Luc Barbier se souvient quant à lui de la rigueur de Jacques Péters, alors que la Champagne était en pleine croissance et que la pénurie de raisin rendait certaines maisons parfois moins intransigeantes sur la qualité de la matière première qui leur était livrée. Il ne céda pour sa part jamais à la facilité et n’avait pas peur de perdre des vignerons partenaires en restant exigeant. Ceux-ci, du reste, l’appréciaient et n’en étaient pas moins nombreux à vouloir travailler avec lui. Ce sérieux et cette compétence lui ont valu de traverser les grandes périodes de changement de la maison, sans que sa légitimité ne soit jamais remise en cause. Il a ainsi connu l’époque d’Alain de Vogüé où Veuve Clicquot était encore une entreprise familiale, puis la prise de contrôle par Louis Vuitton, et enfin l’intégration au groupe LVMH.

Jacques Péters était aussi un esprit novateur. On lui doit le rosé non millésimé et le Rich réserve. Dominique Moncomble, l’ancien directeur des services techniques du CIVC, nous a confiés que le chef de caves avait offert cette cuvée au banquet de l’Association viticole champenoise. Un pari risqué alors que les Champenois sont en général assez critiques envers les champagnes plus dosés. "En apprenant cela, j’avais échangé avec le traiteur qui avait préparé spécialement une tarte aux clémentines pour l’accompagner. Un grand souvenir ! Sur les 800 convives, il n’y avait eu aucune critique !".

Chez Veuve Clicquot, il n’en demeurait pas moins un gardien du temple. Ainsi a-t-il toujours accompagné les évolutions techniques champenoises avec une extrême prudence pour être toujours certain qu’elles n’altèrent pas la qualité. Lorsqu’il s’est agi par exemple de la mécanisation du remuage, avant d’adopter les gyropalettes, il est d’abord passé par des procédés semi-manuels. C’était aussi un membre très impliqué de la commission technique du CIVC, participant chaque année aux tournées d’estimation des vendanges…

Ambassadeur international de sa marque, il brillait enfin par son élégance, défendant les couleurs de sa maison jusque dans le choix de sa cravate, toujours jaune Clicquot. L’heure de la retraite venue, il avait décidé de se mettre au golf profitant du terrain de Gueux où il vivait. "Il faisait cela avec beaucoup de professionnalisme, de passion et de méthode, exactement comme dans son travail. Il avait réussi en peu de temps à faire des progrès spectaculaires".

Notre équipe s’associe à la peine de sa famille et de ses anciens collègues et leur présente ses plus sincères condoléances.