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Disparition de Georges Delille du domaine de Terrebrune

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

20.04.2021

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Georges Delille, le fondateur du domaine de Terrebrune, s’en est allé après avoir hissé le domaine parmi les fleurons de l’appellation Bandol et l’avoir confié à son fils Reynald, associé depuis l’an dernier à l’homme d’affaires Jean d’Arthuys.

Georges Delille, 93 printemps, était tombé amoureux il y a plus d’une soixantaine d’années de ce paysage bandolais, véritable carte postale avec vue sur mer et sur les contreforts du massif du Gros Cerveau, entre Toulon et Saint-Cyr-sur-Mer. Il avait acheté pour faire plaisir à sa femme Claire une vieille bastide au milieu de la campagne, alors en polyculture, plantée de fleurs, d’oliviers séculaires et de vieilles vignes abandonnées. Après avoir fait l’école hôtelière de Paris et avoir travaillé quelques temps dans les caves du Crillon, ce passionné de vins et de gastronomie s’était tourné vers les arts de la table à défaut de trouver à l’époque une reconnaissance dans la sommellerie alors embryonnaire. La famille voyage beaucoup dans le monde et décide de revenir en France pour que les deux fils, Reynald et Erick, puissent poursuivre leurs études. Elle se pose en Provence en 1963.

« De l’or sous les pieds »

La rencontre avec Lucien Peyraud va tout changer. Le propriétaire du domaine Tempier, avec qui Georges Delille aime partager quelques belles bouteilles, lui dit qu’il a « de l’or sous les pieds » sur ce terroir propice au mourvèdre. Georges crée donc son vignoble chemin des Tourelles, avec déjà à l’époque une majorité de mourvèdre à partir de sélections massales de Tempier « et dans les règles de l’art, comme tout ce qu’il faisait, en déplaçant les oliviers, en arrachant les vieilles vignes avant de niveler le terrain, laisser reposer les sols et de reconstruire les restanques en pierre sèche », raconte son fils Reynald.
Les premières plantations datent de 1969, travaillées d’emblée sans pesticides ni engrais chimiques [la certification bio date de 2008] et le premier millésime sort en 1975, la date de la construction de la cave gravitaire enterrée dans la roche pour bénéficier des meilleures conditions pour obtenir des grands vins de garde.

Après des études d’œnologie, Reynald a rejoint son père sur le domaine dès 1980 pour commercialiser les premières bouteilles avant d’en reprendre la direction, travaillant depuis 1995 avec son frère Erick en charge du développement commercial sur Paris et avec le précieux chef de culture Patrick Aparicio. « Quand j’ai pris la relève, tout était tracé, avoue le discret Reynald à qui Georges a rapidement confié les rênes tout en conservant son activité d’arts de la table. Je me suis attelé à respecter sa philosophie et à développer le domaine en mettant en valeur notre patrimoine. » Terrebrune est devenu très vite l’un des fleurons de l’appellation Bandol, connu dans le monde entier pour ses rouges de garde. Ce nonagénaire perfectionniste, épinglé chevalier de l’Ordre du mérite agricole en 2006, aimait regoûter les anciens millésimes du domaine « avec une préférence pour les plus difficiles comme récemment ce 1991 encore plein de fraîcheur car il avait avant tout foi en son terroir et dans ses vins. »
L’an dernier, Georges et son autre fils Erick ont choisi de prendre du recul et plutôt que de vendre la propriété, ils ont confié une partie de l’actionnariat à l’homme d’affaires et de media Jean d’Arthuys, devenu l’associé de Reynald. L’avenir du domaine est assuré.