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Domaine de Pécoula : vainqueur du concours des crus de Monbazillac

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

27.11.2022

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Cette fin de semaine, se déroulait au Café Maritime à Bordeaux, la 27ème édition du concours des crus de Monbazillac, millésime 2021.

L’appellation Monbazillac compte 2360 hectares et se situe à moins d’une dizaine de kilomètres de Bergerac, sur la rive gauche de la Dordogne. C’est la plus ancienne région viticole de production de vins liquoreux et la plus étendue au monde. Le ruisseau la Gardonette rejoint la Dordogne et permet de produire les brumes indispensables à l’installation du botrytis (autrement appelé « pourriture noble ») qui déshydrate et concentre les baies. 32 vins étaient présentés pour ce concours pour un seul élu.

Le grand vainqueur

Le domaine de Pécoula est l’heureux gagnant de ce 27ème concours. Un domaine qui incarne bien le dynamisme et le sens de l’adaptation de l’appellation. Les 33 hectares, certifiés en agriculture biologique, sont exploités par Jean-Marie Labaye. La plus grande partie (27 ha) est consacrée au Monbazillac, ce qui constitue la production phare du domaine. Jean-Marie Labaye s’est dit « très surpris et très ému » car le château, souvent primé au concours général agricole et par le guide Hachette, « n’avait pas gagné le concours depuis 20 ans ». Un propriétaire qui garde la tête froide, reste humble, et veut « remercier son chef de culture (Thierry), son épouse, et les saisonniers réguliers ».

La « cuvée millénaire » 2021 se caractérise par un long élevage en cuve (pas de barrique) pendant une période d’au moins deux années au cours desquelles il va s’affiner. « Le vin ne sera mis en bouteille que vers la fin de l’année 2023 ». « Cette cuvée, qui sera vendue autour de 15€ la bouteille, est faite pour la longueur en bouche et le gras » : deux caractéristiques obtenues en agissant sur les assemblages. Le sémillon, cépage emblématique de l’appellation, est « majoritaire avec ses 80 % : il amène la structure. Les 20 % de muscadelle amène le fruité et le côté exotique ». Une muscadelle qui, si elle est abandonnée en sauternais, est revenue sur le devant de la scène à Monbazillac pour jouer sa partie avec talent comme le précise Pierre-Henri Cougnaud, le directeur de l’IVBD (Interprofession des vins de Bergerac et Duras).

©A. Viller

Un vignoble qui récolte les fruits de sa mutation.

Le vignoble de Monbazillac a connu une restructuration. « La révision de l’encépagement a commencé il y a une vingtaine d’année. Nous avions 100 % de sémillon » nous dit Pierre-Henri Cougnaud, « bien que le cahier des charges prévoie de la muscadelle et du sauvignon ». Une muscadelle, certes fragile, mais qui a gagné ici en intérêt, a été replantée, et apporte désormais sa finesse aromatique pour contribuer à l’identité des vins de Monbazillac.

Mais si l’encépagement a été repensé, le style des vins a lui aussi évolué pour gagner en équilibre (liqueur/fraîcheur). Le taux de sucre des vins est descendu à 120 gr par litre sans que ceux-ci ne perdent, ni en longueur, ni en complexité, ni en texture. C’est d’ailleurs ce qui caractérise la cuvée du millénaire 2021 du domaine de Pécoula.

Cette évolution réussie ne marque pas pour autant une fin. De nouveaux objectifs apparaissent. Exporter plus (car le Monbazillac se consomme très majoritairement en France). « Nous voulons aussi toucher davantage l’HR (Hôtellerie Restauration) et tous les prescripteurs que sont notamment les cavistes et les sommeliers » avance Pierre-Henri Cougnaud. Et puis « nous devons nous ouvrir à l’évolution du gout des consommateurs tout en n’imposant pas un style ».

Une appellation qui a le vent en poupe car on connait actuellement « un taux de renouvellement des générations. On a pas mal de jeunes vignerons. Et puis, le prix de l’ha reste raisonnable » tout en offrant un beau terroir et un bon potentiel (10 000€ et 15 000 €/ha). Ce qui permet à de jeunes vignerons de s’installer.