Accueil Étienne Calsac, retour vers le futur

Auteur

Laurie
Andrès

Date

31.01.2020

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Faire du neuf avec du vieux, c’est un raccourci facile mais c’est ce qu’a choisi Étienne Calsac, jeune vigneron de la Côte des Blancs en Champagne qui remet au goût du jour des cépages longtemps boudés – mais qu’on n’aurait peut-être jamais dû oublier.

C’est à Avize qu’Étienne Calsac exploite ses 2,8 hectares de vignes depuis 2010. Bâtiment moderne et rutilant, fûts alignés au cordeau dans un cube design. Étienne Calsac, la trentaine bien entamée, vit avec son temps. Il est parti d’une page blanche et a fait ses armes seul. « Ma passion des vins vient de mon grand-père qui est une figure inspirante, mon père aussi, mais je voulais apprendre à faire du vin. Je suis parti en Californie, en Nouvelle-Zélande, au Canada… mon grand-père m’a donné les moyens d’être chez moi aujourd’hui. » Fort de l’admiration de ses aïeux, Étienne s’est créé sa propre bulle.

« Quand j’ai commencé à faire du vin, j’ai vécu des nuits d’angoisse », confie-t-il. Ce qui n’a pas empêché ce vigneron « nouvelle génération » de pousser le bouchon encore plus loin que ses prédécesseurs.
Arbane (ou arbanne), pinot blanc, petit meslier, ces cépages oubliés de la Champagne aux noms mystérieux pour les non initiés font désormais partie de sa marmite. Selon les chiffres du Comité Champagne, ces cépages – avec le pinot blanc et gris – représentent moins de 0,3% de l’encépagement actuel de la Champagne, une goutte d’eau dans la mer. Difficiles à travailler, souvent jugés « verts », rendements incertains, maturité tardive… les éloges se font rares. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de belles choes à exprimer lorsqu’ils sont bien travaillés ! C’est avant tout dans une logique de patience qu’Étienne concède une place à ces revenants. « Ce sont des vignes que j’ai plantées, il a fallu que j’attende 6 ans avant d’aboutir à ce projet. Les vieux cépages m’ont marqué lors d’une dégustation il y a plus de 10 ans et je me suis dit qu’il fallait que j’y aille ! »

De ce projet expérimental – 800 bouteilles lors du lancement – est née la cuvée « Les Revenants » (70€). Un assemblage de pinot blanc, arbane et petit meslier vinifié sous bois qui offre aux amateurs un bouquet floral, des notes herbacées et des amers souples.

Vins de niche, destinés aux connaisseurs, les cuvées issues de ces cépages rares ont aussi l’intérêt de contribuer à la diversité génétique de Vitis Vinifera et de régaler les férus de terroir (et de nostalgie). Un coteau champenois est déjà dans les cartons (à partir de 40€ disponible chez les cavistes), un vin tranquille qui permet à Étienne « d’aller encore plus loin dans la connaissance de ces cépages et d’en capter l’essence. »

À déguster aussi…

L’Échappée Belle, 100% chardonnay, dosé à 4g, 30% de vins de réserve en solera, sur des terroirs argilo-calcaires (Bisseuil, Grauves et Avize), un blanc de blancs minéral, un vin qui permet de s’évader et d’oublier le temps.

Quelques chiffres : La grande majorité des cépages anciens est plantée dans l’Aube (97 hectares) et le Pinot Blanc est de loin le premier planté. Pour l’anecdote, Celles-sur-Ource est le village qui comporte de plus de ces cépages avec 19 hectares (dont 18,76 en Pinot blanc). C’est aussi Celles-sur-Ource qui est le plus planté en pinot blanc. Pour le pinot gris, c’est Urville avec 0,70 hectare, pour le Petit-Meslier c’est Damery avec 1,25 hectare et pour l’Arbane c’est Polisy (Aube) avec 1,36 hectare.

www.champagne-etienne-calsac.com