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[EXCLUSIF] Le plus vieux vin du monde est chinois

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

01.04.2016

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En repérage dans la province du Shandong pour développer un ambitieux projet de vignoble franco-chinois, une équipe d’œnologues bordelais a retrouvé de très anciennes jarres datant des débuts de la dynastie Ming, vers la fin du XIVème siècle. Surprise : ces jarres contiennent du vin !

MISE A JOUR : CET ARTICLE EST UN POISSON D’AVRIL !

On pensait que le plus vieux vin du monde était alsacien et datait de 1472. Une incroyable découverte faite la semaine dernière pourrait bien démentir cette certitude et secouer le monde du vin. C’est l’équipe de VinoWorldConsulting, jeune laboratoire œnologique bordelais, qui est à l’origine de ce petit séisme. En repérage en Chine – plus exactement dans la province du Shandong – pour identifier de grands terroirs dans le cadre d’un projet de création de vignoble franco-chinois financé par l’industriel pékinois Jack Shan, les œnologues ont découvert une très ancienne cave contenant une douzaine de jarres possiblement datées de la première époque de la Dynastie Ming (fin du XIVème siècle).

Ces jarres en céramique présentent la particularité d’être parfaitement hermétiques. « C’est incroyable, les spécialistes sur place nous ont affirmé qu’elles avaient au moins 600 ans, mais elles sont en parfait état de conservation », s’enthousiasme Jean-Luc Porte, directeur et fondateur de VinoWorldConsulting. Choisi par Jack Shan pour identifier les meilleurs terroirs du Shandong (la région où Lafite Rothschild avait choisi de lancer son propre projet de vignoble chinois), Jean-Luc Porte avoue « s’être senti dans la peau d’un Indiana Jones en découvrant cette ancienne cave souterraine et les magnifiques jarres ouvragées qu’elle contenait ».

« Des perspectives complètement folles »

Mais au-delà du contenant, déjà remarquable, c’est le contenu qui a stupéfait les œnologues français. Des micro-prélèvements faits à l’intérieur des jarres en environnement stérile ont permis de déceler que le liquide qu’elles contiennent est bel et bien du vin. Un vin qui a au moins 600 ans, voire davantage. « On ignorait même qu’il y avait des vignes en Chine, ou du moins dans cette région, à cette époque reculée », déclare Jean-Luc Porte. « Le vin que nous avons analysé est un vin rouge, bien sûr très altéré par les siècles, présentant des taux d’acidité records, mais c’est bien du vin, et cela nous ouvre des perspectives complètement folles, cela bouscule tout ce que nous imaginions jusque-là ».

L’équipe de VinoWorldConsulting a déjà soulevé l’idée d’organiser des fouilles archéologiques dans la région avec une équipe d’historiens français dans l’espoir de retrouver des traces de vignes, mais le gouvernement chinois ne souhaite pas précipiter les choses – bien que Jack Shan se serait déjà proposé des les financer. Quant aux précieuses jarres, reste à savoir si elles vont aller dans un musée, faire l’objet d’analyses plus approfondies, ou bien… être vendues aux enchères. « Officiellement ces jarres peuvent être réclamées par l’État chinois, mais Jack Shan qui avait déjà préempté le terrain peut aussi faire valoir ses droits », explique Jean-Luc Porte. « Il a évoqué la possibilité d’en mettre une ou deux aux enchères à Hong Kong, pour que des collectionneurs puissent aussi en profiter ». Certains grands passionnés seraient déjà prêts à casser leur tirelire pour pouvoir goûter un nectar six fois centenaire… En attendant les commentaires de dégustation, il ne fait pas de doute que cette découverte va accélérer la curiosité des investisseurs français pour l’El Dorado chinois du vin.