Dimanche 3 Novembre 2024
De gauche à droite, Elsa Ginestet, Lionel Cuenca, Angélique de Lencquesaing ©F. Hermine
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Date
04.04.2021
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Idealwine vient de publier son baromètre annuel des enchères de vins, affichant des prix assagis après l’envolée de 2022.
Après la flambée des prix de 2022 jusqu’en septembre, Idealwine enregistre en 2023 une année d’assainissement avec des indicateurs en repli. La première maison d’enchères de vin (avec une bouteille sur trois adjugée en valeur) accuse un net recul de 12% en chiffre d’affaires avec toutefois une hausse de 12% en volumes. « La baisse est clairement plus marquée que pour les enchères de vins en général à - 2,7% mais nous sommes particulièrement représentés dans le haut du panier qui a subi le plus fort impact » reconnait la directrice général Angélique de Lencquesaing. « Nous sommes revenus à des prix plus sages et surtout depuis le début de l’année nous sortons du marché spéculatif » précise le co-fondateur Lionel Cuenca. L’interdiction de vendre en Russie et la guerre à Gaza ont eu forcément une incidence car la fin d’année a été moins festive tout comme l’explosion de la bulle immobilière en Chine et la situation politique à Hong Kong. Autres possibles explications : les effets de change, une production mondiale plus basse en 2023, la hausse du prix des primeurs décorrélée sur certains millésimes de la qualité et la flambée des champagnes peuvent inciter les acheteurs à se reporter sur des vieux millésimes.
La Bourgogne grande gagnante
Idealwine a réalisé 48 ventes dans l’année avec plus de 222 000 flacons (eq 75 cl) pour une valeur de 33,8 M €. Le flacon le plus cher est toujours bourguignon avec une Romanée-Conti (à 22 912 € pour un flacon de 2015) qui revient sur le devant de la scène après avoir été bousculé en 2022 par le musigny du domaine Leroy, le lot le plus cher reste à Bordeaux qui retrouve des couleurs avec la caisse de magnums de Petrus vendue à 43 820 €. « La Bourgogne reste leader en valeur (avec néanmoins un prix moyen de 250 € contracté de 35 %) alors qu’elle produit quatre fois moins de vins qu’à Bordeaux, toujours porté par la valeur et la renommée des signatures et delà longévité des vins ». La Bourgogne représente également la part la plus importante des adjudications (40 %), Bordeaux restant leader en volumes échangés (36 %).
Un déploiement international
Sur cinq ans, la valeur a progressé de 93 %, dû au déploiement international d’Idealwine qui affiche désormais 67 pays enchérisseurs sur un même site. « Nous réalisons 59 % du chiffre d’affaires global avec les clients étrangers, une tendance qui tend à se renforcer grâce à la traduction du site début 2024 en italien et en allemand (en plus de la version française et anglaise). Cela redonne de l’espoir entre l’année folle de 2022 et l’année de consolidation de 2023 avec une recrudescence des amateurs, surtout italiens ». Les acheteurs sont également en forte progression à Singapour où se vend plus de Bordeaux, au détriment de Hong Kong, avec plus de Bourgogne tandis que la Corée et le Japon s’intéressent surtout aux bourgognes, aux juras et aux nouveaux vins, notamment nature. La Grande-Bretagne, longtemps premier marché européen, ne cesse de perdre du terrain depuis le Brexit. Le recul de 2023 s’explique également par la non reprise de la consommation en Asie.
La rareté fait toujours le prix
« L’intérêt pour des domaines qui frémissent auprès des amateurs de plus en plus connaisseurs signalera sans doute les étoiles de demain, souligne Angélique de Lencquesaing. Les collectors remportent toujours un franc succès puisque par définition, c’est surtout la rareté qui fait le prix d’un vin, encore faut-il trouver un acheteur mais avec désormais une diffusion mondiale, ça aide ». Les cotes sont la résultante d’un algorithme se basant sur les dernières enchères et non une moyenne. Le trio Bordeaux-Bourgogne-Rhône accaparent toujours près des trois quarts des transactions et même plus de 80 % du chiffre; ils restent une valeur patrimoniale refuge. Trois domaines, Petrus, La Romanée et Emmanuel Reynaud (avec Rayas dont le cours chute pourtant fortement après la flambée de 2021), concentrent plus de 1 M € d’adjudications. « Mais nous constatons de plus en plus d’alternatives dans d’autres régions avec des prix records étonnants. Nous n’observons pas de perte de vitesse ni de Bordeaux bashing mais mécaniquement, il passe sous la barre des 50% depuis 2017, la région étant grignotée en parts de marché par d’autres vignobles qui émergent. Il reste néanmoins dynamique sur les vieux millésimes, en particulier sur la rive droite, en particulier pomerol pour la rareté ».
Le Rhône se maintient sur la troisième marche du podium, surtout grâce aux hermitages et à des pépites comme Thierry Allemand ou Hirotake Ooka (La Grande Colline) et avec des blancs en progression (Hermitage, Condrieu, Château Grillet). Il est challengé par le Jura (Overnoy, Ganevat), surtout en blancs et en vins nature. Les champagnes, au prix moyen en recul de 20%, se stabilisent avec un rééquilibrage Maisons-Vignerons et une demande accrue en bio-biodynamie (Cédric Bouchard, Egly-Ouriet, Selosse). « Quand un domaine est racheté par un groupe ou change de propriétaire, il arrive que les amateurs aillent chercher les vieux millésimes, surtout quand la politique tarifaire augmente et les amateurs les conservent en espérant une inflation des prix ». La Vallée de la Loire, au vu du nombre d’appellations, reste stable avec une dynamique sur les bios et natures, et une préférence pour Anjou-Saumur, le Muscadet, de plus en plus recherché, et l’Auvergne qui s’envole tous indicateurs confondus. Idealwine constate également un attrait croissant pour des régions comme la Savoie (Michel Grisard, Belluard), le Beaujolais, surtout nature (Lapierre, Foillard), la Provence, toujours tirée par les grands bandols et Trévallon, la Corse par les grands noms et Patrimonio, l’Alsace qui devient l’alternative de la Bourgogne surtout en pinot noir.
Les vins bios (certifies) sont passés de 25 à 28%, les natures stabilisés à 6%. « Le bio n’est pas du tout un critère recherché en Asie, un peu plus en Europe mais exigé aux Etats-Unis ». Les vins de France deviennent des marqueurs forts avec la consécration de certains vignerons. Côte vins étrangers, (13000 flacons adjugés), la côte va aux italiens, en particulier ceux du Piémont de style traditionnel.
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