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Jacques Chirac, mort d’un président bon vivant

Jacques Chirac au Salon de l'Agriculture 1975 (photo AFP)

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

26.09.2019

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L’ancien président de la République Jacques Chirac vient de s’éteindre à l’âge de 86 ans, a annoncé sa famille. Chef de l’État de 1995 à 2007, il a traversé l’histoire de la Vème République, laissant derrière lui l’image d’un redoutable politicien, mais aussi d’un bon vivant.

C’est un destin politique français auquel peu peuvent se comparer, qui a commencé le 29 novembre 1932 à Paris pour s’achever, aujourd’hui, 26 septembre 2019. A quelques semaines de son 87ème anniversaire, Jacques Chirac vient de s’éteindre. Président de la République lors de deux mandats successifs (1995-2002 et 2002-2007), deux fois Premier ministre (1974-1976 puis 1986-1988), maire de Paris (1977-1995), Jacques Chirac a été l’une des grandes figures de la droite française et en particulier du gaullisme, dont il a été l’emblématique chef de file – non sans connaître, au fil des décennies, défaites, trahisons, traversées du désert, coups de poker, renoncements et autres cohabitations, autant d’épisodes qui ont fait de son parcours politique l’un des plus rocambolesques de la Vème République.

Au-delà de la conquête et de l’exercice du pouvoir, Jacques Chirac laisse derrière lui l’image d’un bon vivant, d’un amoureux de la France et de ses terroirs, ce qui lui a valu de conserver une certaine cote de popularité qui dépasse les clivages partisans. Natif de Paris mais originaire de la Corrèze, dont il aura été le député pendant plus de quinze ans, Jacques Chirac avait la réputation d’un homme de terrain qui aimait « caresser le cul des vaches » et se sentait proche du monde du rural. Il aura ainsi été Ministre de l’Agriculture de 1972 à 1974.

Tête de veau et Corona

Ses passages au Salon de l’Agriculture sont restés dans les annales, tant pour leur durée – il pouvait passer des heures à arpenter les allées et serrer des mains – que pour sa capacité à goûter tous les produits qui lui étaient proposés. Notoirement doté d’un solide appétit, Jacques Chirac déclarait préférer « la cuisine roborative, plus que la cuisine sophistiquée […] Tête de veau, cassoulet, civet de lièvre, chou farci », mais aussi boudin-purée ou escargots faisaient parti de ses mets de prédilection, au grand dam de son épouse Bernadette qui parfois faisait changer le menu de l’Élysée pour y faire ajouter quelques carottes râpées. La table était un lieu de partage pour Jacques Chirac, mais aussi de diplomatie, comme s’en souvient l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, lequel avait pu entendre lors d’une visite officielle de la part de son homologue français : « la cuisine anglaise au début, on croit que c’est de la merde et après, on regrette que ça n’en soit pas » (source Paris Match).

Côté verre, Jacques Chirac aimait déguster du vin, mais ne se prétendait pas aussi connaisseur que son prédécesseur François Mitterrand, ou que l’actuel président Emmanuel Macron. Au cours de ses deux mandats toutefois, le budget de la cave de l’Élysée augmentera de près de 20%. La famille Chirac entretient également des relations d’amitiés avec certaines familles corréziennes du vignoble de Saint-Émilion, dans le Bordelais. Souvent, Jacques Chirac prétendait préférer boire « une bonne bière » plutôt qu’un grand cru, et forçait d’ailleurs le trait en déclarant son amour de la Corona. Une façon pour ce brouilleur de pistes, passionné du Japon et des cultures asiatiques, de cultiver une image d’éternel hussard qui n’était pas forcément conforme à la réalité.