Lundi 2 Décembre 2024
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27.07.2012
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Lancé en mars dernier dans la région de Penglai, le projet pharaonique de « winery » chinoise du Château Lafite-Rothschild suit son cours. L’objectif : produire 120 000 bouteilles à l’horizon 2016.
Ce n’est plus un secret, le simple nom « Lafite » fait rêver la Chine et frémir la cote asiatique des grands crus bordelais. Décidé à capitaliser sur son incroyable popularité auprès des – riches – amateurs de vin chinois, le Château Lafite-Rothschild s’emploie désormais à s’imposer comme un acteur majeur de la production de vin dans l’Empire du Milieu. L’affaire ne date pas d’hier : cela fait une quinzaine d’années que les Domaines Barons de Rothschild (DBR) se sont mis en quête du meilleur emplacement pour développer un vignoble de qualité en Chine.
Leur choix s’est finalement arrêté, en 2008, sur la ville de Penglai, dans la province du Shandong (nord-est du pays). Une région où la viticulture est en plein essor, grâce à une combinaison entre terroirs, altitude, climat et proximité côtière extrêmement favorable : la production de vin y a doublé entre 2005 et 2011, atteignant 140 000 tonnes, et les plus grandes marques du vin en Chine y sont déjà implantées, ce qui a valu à la région d’être surnommée la « Silicon Valley » du vin chinois.
Pour tirer leur épingle du jeu dans cette zone très concurrentielle et convoitée, les équipes françaises de Lafite ont déployé les grands moyens : un partenariat avec le groupe chinois d’investissement Citic, et un investissement de 100 millions de yuans (environ 12, 5 millions d’euros) pour faire pousser des vignes à partir de zéro, bâtir des installations techniques et un « château » de 1600 m2 qui réconciliera les cultures européenne et asiatique. Au total, le vignoble s’étendra sur plus de 25 hectares.
Produire un vin haut de gamme
L’inauguration ce chantier pharaonique s’est déroulé – en grande pompe et en présence des autorités locales – au mois de mars dernier ; les travaux suivent leur cours. Sous l’impulsion de Gérard Colin, qui pilote le projet pour DBR et Citic, la priorité a été donnée à la plantation : Cabernet-Sauvignon en majorité, mais aussi Syrah, Cabernet Franc, Merlot, Petit Verdot et Marselan. A ce jour, les équipes ont « aménagé 30 hectares de collines et […] ont construit plus de 9 kilomètres de murs de pierres sèches autour des parcelles. Le vignoble présente désormais 30 parcelles et plus de 200 terrasses ». Si aucune date officielle n’est donnée pour la fin du chantier, Gérard Colin ambitionne de livrer un premier millésime à l’horizon 2016 : une production annuelle de 120 000 bouteilles est annoncée, qui sera destinée à 90% au marché chinois.
Pour Lafite-Rothschild, dont le nom (bien que largement victime de contrefaçons) est synonyme de prestige et d’excellence en Asie, il ne s’agit pas d’inonder le marché chinois, mais de produire un vin local haut de gamme, dans un pays où la qualité des vins est encore très disparate. « Je suis très heureux de développer un projet viticole dans un pays dont l’intérêt pour les grands vins va chaque année croissant. Participer à la création d’un cru d’exception chinois est une aventure particulièrement passionnante », avance ainsi le Baron Eric de Rothschild sur son site officiel. Encore un peu de patience pour juger du résultat…
M.D.
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