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Le CIVB déjà au rebond

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

12.07.2023

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Lundi dernier se tenait à la maison des vins de Bordeaux l’assemblée générale du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). L’occasion de donner de premiers chiffres suite à la signature d’un accord autorisant l’arrachage de vignes dans un contexte de mévente, mais aussi de dessiner les contours d’un rebond attendu et voulu. 

La CIVB regroupe la viticulture (les propriétaires), le négoce et le courtage, et a pour ambition, entre autres, de promouvoir les vins de Bordeaux dans le monde et d’assurer la régulation du marché. Son président, Allan Sichel, en a pris la présidence en juillet 2022, à un moment où les exportations de vin de Bordeaux baissaient (-9 %, principalement sur le vrac) conduisant à des mesures d’arrachage et de distillation. Pour la première mesure, 664 demandes ont été déposées concernant 5 400 hectares. On rappellera que la mesure d’arrachage en prévoit 9 500 avec une prime de 6 000 € par hectare, afin de lutter à titre préventif contre la flavescence dorée, une maladie qui menace les vignes laissées à l'abandon. Dans son discours, Allan Sichel précise que le CIVB débloque 19 millions, dont 14 millions tirés d'un emprunt, ce qui le conduit « à faire des économies conséquentes (…), à privilégier les actions en faveur du rebond et de concentrer les moyens réduits sur des outils destinés à relancer la demande des vins de Bordeaux ». Concernant la déconsommation constatée, si la zone chinoise est le premier contributeur à la baisse, « il ne faut pas négliger certains marchés dynamiques » ou à fort potentiel de croissance comme certains pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Togo, Gabon), d’Asie (Singapour, Vietnam, Cambodge, Thaïlande) et d’Europe (Irlande, Suède, Espagne et Finlande). 

La gamme des rouges
Le marché intérieur, quant à lui, fera l’objet dès le dernier trimestre 2023 d’une campagne de communication dédiée aux rouges (Bordeaux, c’est 85 % de production en rouge). Intitulée « Terroirs de Bordeaux : des rouges de toutes les couleurs », elle vise selon Allan Sichel, « à changer la perception du public (…) en démontrant que nos vignerons proposent désormais toute une palette de cuvées rouges en adéquation avec les attentes des consommateurs (…) et à reconquérir des prescripteurs ». Souhaitant démontrer que la variété des vins de Bordeaux est appréciée, le CIVB met en avant le succès de l’événement « Bordeaux Fête le Vin » avec ses 40 000 pass dégustations vendus, ses 15 000 personnes formées à la dégustation et ses 326 000 dégustations servies. 

Bordeaux, vignoble engagé, et plus.
Durant son discours, le président Sichel aura insisté sur la volonté du CIVB de faire de Bordeaux « le premier vignoble RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) du monde ». Le challenge avait été engagé avec l’opération Bordeaux Vignoble Engagé. Sachant que 67 % des moins de 25 ans recherchent un label bio sur les étiquettes des bouteilles, le CIVB semble aller dans le sens du vent. Un participant à l’AG a invité à la prudence et suggère « de ne pas arracher trop vite car si la campagne produit ses effets », il rappelle que « la vigne réagit sur du temps long ». Trois députés avaient fait le déplacement ainsi que le nouveau préfet de Gironde, Étienne Guyot : un signe qui ne trompe pas à un tel moment. Ce dernier a indiqué qu’il était prêt à apporter tout son soutien à la résolution de la question du recrutement mais a surtout insisté, avec sincérité, « sur le fait que l’arrachage, pour un viticulteur, peut être un moment extrêmement difficile et douloureux tant cela touche à l’identité et à l’affectif ». Il a loué « l’union sacrée » qu’affiche le CIVB et le fait que celui-ci était « vertueux avec ses ambitions portant sur l’environnemental et le RSE ». Une façon de souligner que l’avenir peut être envisagé avec davantage d’optimisme car le CIVB est capable de mobiliser ses ressources et de faire valoir les atouts des vins de Bordeaux.