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Le Québec craque pour les vins de Bordeaux

Auteur

La
rédaction

Date

10.09.2012

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Grosse fréquentation pour la première déclinaison canadienne de « Bordeaux fête le vin » qui s’est tenue à l’occasion du 50ème anniversaire du jumelage entre Bordeaux et Québec. Plus de 70 vignerons aquitains avaient fait le voyage.

« Si le vin est bon, jouons à la santé de ceux qui aiment le travail bien fait. » Le guitariste du groupe Isabeau et les chercheurs d’or finit son concert, sur scène, face au vieux port de Québec. L’auditoire a un verre à la main, et, à quelques encablures, sous de grandes tentes, plus de 70 vignerons de Bordeaux et d’Aquitaine se relaient derrière le comptoir pour faire déguster leur production à une foule bon enfant.

Musique et vin ont fait bon ménage durant quatre jours, de jeudi à dimanche, à Québec, pour la première fête du vin de la ville. En gestation depuis deux ans, cette manifestation populaire est la réplique nord-américaine de Bordeaux fête le vin, qui se tient les années paires et dont la 8ème édition a accueilli 500 000 amateurs, en juin, en bord de Garonne. Un verre peu rempli pour déguster sagement et aucune vente de bouteilles sur place : les principes sont identiques.

« Les Québécois, d’abord faciles et décontractés, posent beaucoup de questions sur les cépages, les modes de vieillissement… On sent ici une culture viticole, l’envie d’appendre », pointe Jacques Pedro. À la tête de 34 hectares de vignes dans le Médoc, il exporte au Québec depuis 1990. Avec des collègues venus du Libournais, du Sauternais, des Côtes de Bordeaux mais aussi de Buzet ou du Marmandais, il fait partie de l’importante délégation de vignerons et négociants ayant franchi l’Atlantique pour porter la bonne parole dans cette province canadienne de 7 millions d’habitants où la consommation est à la hausse : plus de 20 litres par an et par habitant, soit un peu moins de la moitié de la consommation en France, le champion mondial.

Un marché important

« Aimant nous faire plaisir avec du bon vin, nous avons un faible pour le bordeaux, qui désaltère plus que d’autres », explique ce couple d’une quarantaine d’années déambulant au milieu des allées, dans cet espace champêtre en bordure du fleuve Saint-Laurent. Comme les autres, ils ont acheté 30 dollars (24 euros) un kit comprenant notamment 8 tickets de dégustation et une courte formation. Verre, étui (porté autour du cou) et petit plateau pour y grignoter des aliments sont aussi fournis.

« Nous sortons d’un petit cours expliquant où se trouvent les différents vignobles bordelais », confie de son côté un autre couple sortant de l’école du vin. Un chapiteau abritant 150 places assises, disposées en amphithéâtre, où des formateurs, micro sous les lèvres et tablier à la ceinture, enseignent les bases. Partout, dans la manifestation, des messages de modération et l’invitation à se servir des crachoirs, pour déguster et non boire.

Près de 20 000 bouteilles (550 vins différents) ont été acheminées sur place depuis le Sud-Ouest pour l’occasion. « Le Canada – Québec en tête – est notre 8ème client à l’exportation. Il est important pour nos professionnels d’y venir en force rencontrer les amateurs », explique-t-on au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). Avec Bordeaux Grands Événements, structure organisant la fête girondine, il est en première ligne dans cette fête dont la tenue, en ce mois de septembre 2012, ne doit rien au hasard.

Des fêtes à l’étranger

Les villes de Québec et de Bordeaux ont en effet fêté ce week-end le 50ème anniversaire de leur jumelage. Du coup, une délégation de plus de 150 personnes – emmenée par le maire Alain Juppé – a fait le déplacement. Comme avait lieu à Québec, vendredi, la troisième édition d’un Grand Prix cycliste international qui attire du monde, le maire de la ville, Régis Labeaume, a joué la complémentarité des événements pour limiter les risques financiers et assurer la visibilité médiatique et la fréquentation d’une première fête du vin dont l’organisation lui a coûté plus de 1, 4 million d’euros.

À l’heure des bilans, on saura si l’expérience sera reconduite et avec quelle fréquence (tous les deux ans ?). On saura également si le Québec, où la France a la cote (premier exportateur de vin, devant l’Italie), s’inscrit durablement dans la liste des fêtes promotionnelles tenues à l’étranger sous l’égide des professionnels bordelais. Un agenda qui compte Hong Kong (tous les ans depuis 2009) et Dalian (nord de la Chine) avec également une première édition en juillet dernier, en attente de confirmation. Avant peut-être d’être rejoints par Bruxelles, voire Wuhan (centre de la Chine) ou Tokyo. « Sachant que nos relais de croissance pour vendre du vin sont à l’exportation, et non en France », pointe un responsable.

César Compadre
Photo J-P Vigneaud