Mardi 15 Octobre 2024
Sir Davis, le whisky de Beyoncé ©F. Hermine
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25.09.2024
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Elle en rêvait depuis longtemps, le master blender de Moët Hennessy, Dr Bill, l’a aidée à concrétiser le projet de créer son propre whisky, un rye-malt vieilli sur ses terres texanes et baptisé Sir Davis en hommage à son aïeul contrebandier.
On aurait aimé la voir apparaître avec sa chevelure de lionne dans une tenue moulante comme une déesse sortant des dorures du décor art déco du Plazza Athénée. Mais Beyoncé n’a pas voulu s’associer aussi directement à ce nouveau whisky américain qu’elle a imaginé avec Bill Lumsden alias Dr Bill, maître distillateur reconnu pour son travail sur les whiskies écossais Glenmorangie et Ardbeg. À la George Clooney jadis, avec sa tequila Casamigos, la chanteuse l’a juste annoncé sur ses réseaux, est apparue un verre de whisky à la main sur la couv’ de GQ, mais la cofondatrice du whisky Sir Davis n’entend pas devenir l’égérie ni l’ambassadrice du produit. « Elle ne souhaite pas que Sir Davis devienne un énième spiritueux de célébrité, insiste Dr Bill qui le présentait donc à Paris. Mais plutôt un whisky de qualité cofondé par une artiste. »
Dr Bill (élu cinq fois meilleur master blender de l’année par IWC) a été contacté par Philippe Schaus, le pdg de Moët Hennessy, filiale spiritueux du groupe LVMH, pour travailler sur un partenariat avec Beyoncé Knowles-Carter. Elle voulait créer un whisky américain en hommage à son arrière-grand-père Davis Hogue, fermier en Alabama et contrebandier à ses heures perdues pendant la prohibition. « À cette époque, tout le monde faisait un peu son whisky et cachait les bouteilles dans les troncs vides des cèdres pour la famille et les amis. »
Dr Bill trouve le projet « surprenant et très excitant ». Il rencontre la chanteuse et constate avec étonnement qu’elle est grande amatrice de malts écossais et japonais, et qu’elle connaît particulièrement bien le monde du whisky : « Elle savait parfaitement ce qu’elle voulait : pas un blended de différentes origines, mais un whisky américain, singulier, pas à base de maïs, mais de seigle, et vieilli en fûts de sherry. »
Il ne restait plus au Dr Bill qu’à procéder aux essais et à sourcer les jus. Il se rapproche d’abord de la distillerie de Woodinville dans l’état de Washington, l’une des plus grandes artisanales des États-Unis, rachetée par Moët Hennessy en 2017. Le master blender travaille sur un rye whisky à 51 % associé à de l’orge maltée à 49 %, une offre rare dans les whiskies américains. « Woodinville a été la distillerie d’accueil pour l’expérimentation des finishs, mais ce n’est pas du whisky de Woodinville dans la bouteille, insiste Dr Bill. Les jus et le mashbill de seigle proviennent de l’usine MGP dans l’Indiana ; la maturation et l’embouteillage sont effectués à Houston au Texas. »
Dr Bill s’est attaché à associer les styles américain et écossais sur une texture sur la rondeur, plutôt japonaise. « Le choix s’est porté sur un NAS (sans compte d’âge) car la perception du compte d’âge peut être très différente d’un marché à l’autre. » Le premier vieillissement est réalisé en fûts de chêne neufs américains bousinés, la deuxième maturation de près d’un an en fût de sherry s’inspirant du Glenmorangie Lasanta qu’affectionne particulièrement Beyoncé. « Nous avons testé plusieurs vieillissements en fûts de sherry, xérès, oloroso, Pedro Ximenes et nous avons tous les deux préféré celui en PX, plus doux et rond. »
Le whisky est non-chill filtered (non distillé à froid avant son embouteillage) pour davantage d’arômes et de gras en bouche (« Beyoncé aime particulièrement le meursault » lâche Bill Lumsden). Il titre à 44 %, « c’est son nombre porte chance, mais c’est surtout celui qui correspondait au meilleur équilibre – on a testé toutes les réductions entre 40 et 50 %. Ce degré est accessible à tous pour une plus grande ouverture sur le monde. » Ce qui a également dicté le fait de l’appeler whisky et non whiskey, pour ne pas le réduire au marché américain. Cet assemblage exclusif se veut « rupturiste », tout comme le design du flacon et le fait qu’une femme afro-américaine en soit à l’initiative.
Beyoncé, « business partner » à 50-50 de Moët Hennessy, a créé une bouteille haute et striée particulièrement moderne, portant un cheval noir en médaillon qui rappelle ses racines texanes. Les initiales de Sir Davis sont gravées sur le fond de la bouteille. Sur le bouchon, deux accents évoquent le lien entre l’héritage du passé et l’avenir. La sœur de la chanteuse, Solange, a créé les verres dédiés. Un partenariat est en discussion avec Baccarat.
Sir Davis a été dévoilé le 4 septembre, jour anniversaire de Beyoncé, puis lancé simultanément sur quatre marchés phares à Paris, Londres, Tokyo et aux États-Unis dans 11 états de la côte est, incontournable pour la scène cocktails, en Californie et au Texas. Il est disponible à 89 €, notamment dans les départements stores (à Paris aux Galeries La Fayette, à la Grande Épicerie), chez quelques cavistes indépendants, dans les restaurants festifs de Paris Society, les bars à cocktails, en travel retail…
Il est accompagné d’une dizaine d’idées cocktails dont celui signature, le Honey Bee, un honey sour à base de 6 cl de whisky, 2,5 cl de jus de citron frais et 1,5 cl de sirop de miel (en diluant le miel dans de l’eau tiède), le tout passé au shaker sur glace pour un aspect mousseux puis décoré d’un rayon de miel. Les dosages proposés sont identiques pour la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, plus légers pour le Japon. « Mais il peut tout à fait se boire ‘neat’ (sans glaçon), ou avec un gros glaçon à la japonaise », le premier mode ayant la préférence de Dr Bill.
D’une belle couleur acajou (sans additif), il se développe d’abord sur les arômes classiques du seigle avant d’évoluer sur les épices et des arômes de sherry, biscuit brioché, citron, zestes d’oranges, toffee, pain d’épices, sur une finale au léger boisé vanillé et miellée. La texture est beurrée et crémeuse.
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