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Le Brun de Neuville : Sézanne ouvre-toi !

Ci-dessus : Gilles Balthazar, chef de caves de Lebrun de Neuville.

Auteur

Yves
Tesson

Date

16.02.2021

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La Coopérative Le Brun de Neuville à Bethon a revu la présentation de ses cuvées. L’objectif : porter haut les couleurs du Sézannais, une terre de plus en plus recherchée pour ses chardonnays qui peut aujourd’hui affirmer son identité.

Le Sézannais a longtemps été considéré comme un simple prolongement de la Côte des Blancs. Depuis quelques années, cette région recherchée pour ses chardonnays crémeux, entend marquer sa différence. On y trouve bien la même craie du Campanien, mais elle est plus profonde. L’exposition générale aussi se distingue : la Côte des Blancs est tournée plein Est, la Côte de Sézanne regarde vers le Sud-Est, les raisins sont plus mûrs. Enfin, il y a l’histoire : si la région s’enorgueillit de la découverte de l’une des plus anciennes vignes fossilisées au monde, « Vitis Sezannensis », le vignoble n’a été replanté que dans les années 1960 après avoir disparu au début du XXe siècle sous l’effet du phylloxéra.

C’est donc pour marquer cette identité que la Coopérative Le Brun de Neuville a décidé de revoir la présentation de ses gammes dont les noms Tradition, Authentique, et Lady de N faisaient plutôt référence aux champagnes de Maisons. Tradition est devenue Côte, réunissant cinq cuvées issues de larges assemblages des crus de ce vignoble, avec la volonté de privilégier l’expression directe du terroir dans toute sa pureté, en ne pratiquant que des vinifications en cuves inox. La gamme Les Chemins (3 cuvées) met l’accent sur les choix des hommes que ce soit en vinification ou en viticulture. On recourt ainsi au tirage sous liège (l’agrafe qui remplace le muselet est un clin d’œil), on incorpore des vins fermentés avec des levures indigènes, une solera… Sur le plan viticole, le chef de cave procède à une sélection de parcelles dont les sols ont été travaillés de manière mécanique ce qui donne parfois des vins clairs plus durs, candidats idéaux pour la vinification et l’élevage en fûts et en foudres.

La gamme Autolyse fait référence à l’action du temps et des levures. Elle comprend les champagnes qui ont au moins 10 années de vieillissement sur lattes, dont la cuvée « Double Autolyse », vinifiée et élevée au préalable en fûts sur ses lies. L’étiquette évoque l’évolution de la couleur au fur et à mesure des années, celle du raisin, puis du vin clair et du vin arrivé à maturité… Enfin, la gamme « Millésime » laisse parler la nature qui selon les conditions climatiques de l’année peut donner au terroir des expressions différentes.

Pour cet habillage, on a voulu privilégier les industries locales, les étiquettes sont imprimées sur place. On a utilisé des encres à l’eau, banni les dorures à chaud qui ne peuvent être recyclées et opté pour un papier issu de forêts gérées durablement.

Pour approfondir cette identité, le chef de caves Gilles Balthazar continue à mener des expérimentations qui devraient encore enrichir la gamme. Cette année, la coopérative a vinifié pour la première fois un marc composé de pinot blanc et d’arbane : les vins clairs sont prometteurs, légers, limpides, avec une jolie tension en fin de bouche, ils donneront certainement naissance à une nouvelle cuvée. Autre innovation, toujours issue de la vendange 2020, Le Brun de Neuville a vinifié un rosé de saignée, qui rejoindra la gamme Le Chemin. Les jolis arômes de cerise des vins clairs démontrent que même si la Côte de Sézanne est plantée à 75% en chardonnays, les pinots noirs peuvent y donner des résultats intéressants.

Côté marché, cette refonte arrive à point nommé. Le Brun de Neuville a souffert de sa forte présence dans la restauration, frappée de plein fouet par la crise du Covid. Grâce à cette nouvelle identité visuelle qui met l’accent sur le terroir, elle peut se déployer davantage vers les cavistes, toujours sensibles à cette thématique technique. La démarche s’inscrit aussi dans la stratégie de cette coopérative qui ne souhaite pas gagner en volume pour sa marque (350.000 bouteilles) mais uniquement en valeur et maintient volontairement au sein de sa production le ratio champenois de 70% de vins vendus au négoce, et 30% conservés pour ses propres champagnes.

Terre de vins aime : Le Chemin Empreinté 35 €

https://lebrundeneuville.fr/fr