Accueil [Loire] Domaine Grosbois : la polyculture, un retour aux sources enthousiasmant

[Loire] Domaine Grosbois : la polyculture, un retour aux sources enthousiasmant

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

21.12.2022

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Sans fanfare ni trompette, les deux frères Grosbois, Nicolas et Sylvain, développent dans leur domaine familial en appellation Chinon un modèle vertueux de polyculture où l’homme réapprend à vivre en bonne intelligence avec son environnement.

Sérénité. Sans hésitation, voici le premier mot qui vient en tête lorsque l’on se rend à Panzoult, petit village d’Indre-et-Loire posé entre les cours de la Loire et de la Vienne. Une vieille ferme du XVe siècle, hors du temps, posée à mi-coteau attire l’attention. C’est ici que Jacques et Jocelyne ont décidé de revenir en 1991 après 25 ans comme arboriculteurs. Comme une évidence, car la famille est présente sur cette terre au moins depuis la Révolution française. Leurs enfants Nicolas et Sylvain auraient pu continuer à vivre et travailler à l’étranger, comme leurs nombreuses expériences viticoles semblaient le laisser présager, mais l’envie de revenir à la maison s’est progressivement imposée. Tôt pour Nicolas, dès le milieu des années 2000. Pour Sylvain, le cheminement sera plus long, mais il finira par être convaincu que son avenir devait s’écrire également ici. Et on le comprend. Impossible de ne pas balayer du regard un environnement protégé où de très vieilles vignes plus que centenaires (1910 !) en côtoient de plus récentes, rythmées par des arbres qui s’y épanouissent doucement. Au-dessus du domaine, la forêt de Chinon et ses feuillus vers lesquels on se sent irrésistiblement attiré. Et plus loin, en contrebas, là où se perd le regard, des prairies et du bocage humide. De quoi évidemment imaginer et mettre en œuvre un très beau projet de polyculture associant viticulture évidemment, céréales sur une quarantaine d’hectares (orge, tournesol, blé en rotation), élevage d’un cheptel de black Angus et de cochons de Longuet, une race rustique et locale remise en avant par une association dès les années 1980, et enfin du maraîchage. Une conception traditionnelle de l’agriculture, faisant écho à l’approche par écosystème que développe la biodynamie. Ici elle prend tout son sens et se pratique donc au quotidien.

L’éloge du temps long

A rebours de l’empressement généralisé qui pousse tant de vignerons à se hâter au détriment parfois d’une réflexion globale sur le sens et la portée à long terme de leur action, on sait prendre son temps ici. Ce projet prendra des décennies et se construit par touches successives. Les serres sont construites au fur et à mesure pour donner plus de volume à l’activité maraîchère. Les cochons s’appréhendent progressivement, en écoutant des spécialistes et en expérimentant. A voir l’enthousiasme de ces derniers lorsque Sylvain ou Nicolas les appellent au cœur des grandes parcelles ouvertes disséminées dans la forêt sur 5 hectares, on se dit que les 2 frères suivent la bonne voie. Il en va de même dans la volonté farouche de ramener de la biodiversité animale dans le vignoble. Pour cela, la création de véritables corridors écologiques est nécessaire mais ne s’improvise pas. Aux haies larges de près de 6 mètres en succèdent de moins imposantes, puis des alignements d’arbres fruitiers et enfin des arbres isolés. Un véritable palais pour faune sauvage bienvenue. Tous ces projets ne sauraient bien entendu exister sans une équipe nombreuse, tout aussi convaincue que Sylvain et Nicolas du bien-fondé de cette démarche. Côté vins, le cabernet franc est roi sur ce terroir où le sable joue un rôle déterminant dans la maturation optimale des baies. De la cuvée Gabare au fruité éclatant et très gourmand à Montet et son côté plus séveux, en passant par le Clos du Noyer ou la cuvée Clôture, les vins sont tous d’une grande sincérité et surtout procurent de très belles émotions de dégustation à des prix encore doux.