Accueil Louis Max : « Trouver un style et s’y tenir »

Louis Max : « Trouver un style et s’y tenir »

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

15.07.2015

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La maison Louis Max s’étend hors Bourgogne, toujours en bio, et travaille à un nouveau style de vins avec le brillant vinificateur bourguignon David Duband.

Le négociant-éleveur de Bourgogne Louis Max, marchand de vin fondé en 1859 à Nuits Saint Georges, avait déjà bénéficié d’un joli lifting quand Jean-François Joliette avait repris l’entreprise en difficulté en 2007. Ce fils de vigneron beaunois, ex-Laroche et Mumm, s’était acoquiné pour cela avec un mécène genevois, passionné de vins, pour racheter la société nuitonne. L’an dernier, Joliette a repris en main l’opérationnel après le départ du directeur Philippe Bardet. Il s’est offert les services de David Duband, propriétaire du domaine éponyme de Hautes Côtes de Nuits (17 ha) mais également vinificateur de talent qui en fait profiter d’autres raisins que les siens. « Le vinificateur est une sorte d’accoucheur » répète-t-il à Joliette qui a donné carte blanche à ce grand spécialiste des rouges et en a fait le directeur artistique et technique de la maison. Les deux compères partagent la même vision du vin et goûtent tous les jours des dizaines d’échantillons. Duband a mis en place avec les équipes de Louis Max, notamment Eric de la Boise, chef de caves depuis 25 ans, et la dernière recrue, l’œnologue Sophie Doche, d’autres méthodes de vinification et d’élevage, appliquées à partir du millésime 2014 : sélections parcellaires, utilisation de levures indigènes, vendanges manuelles, vinification en grappes entières, peu d’extraction… Et la maison lui a offert 140 nouveaux tonneaux et des cuves toutes neuves.

Des vins qui donnent envie de se resservir

« Nous avons des progrès à faire sur les pinots, plus difficiles à travailler que les chardonnays, explique Jean-François Joliette. Le pari majeur a été de trouver un style et de s’y tenir en élaborant des vins digestes sur le fruit, pas des vins de dégustateurs mais des vins qui donnent envie de se resservir. En France, on apprécie particulièrement chez Louis Max le Mercurey, le Rully, et le Ladoix à un niveau de prix imbattable (environ 20 €) pour une qualité équivalente à un Nuits Saint Georges. Dans les pays anglo-saxons, principaux débouchés export de la maison, on préfère le Mâcon-Village, le Pouilly Fuissé, le Chablis et le Gevrey Chambertin ».

Louis Max produit environ 2 millions de bouteilles par an dont 40% de domaines, sur une vingtaine d’hectares en propre au domaine La Marche à Mercurey et Rully, une cinquantaine en contrats. Les trois quarts sont élaborés en rouge, le reste en blancs et un crémant de Bourgogne. « Nous n’avons pas de rosé en Bourgogne mais on regarde à en produire en Corbières ». Car la maison depuis le 19ème siècle s’est étendue hors fiefs bourguignons. Elle vient de racheter 35 hectares de vignes – vieux carignans, grenaches et syrahs – avoisinant le château de Pech Latt (340 hectares dont 135 de vignoble) racheté en 1990 et en bio depuis 25 ans et en 2009, le domaine de la Lyre en Côtes du Rhône (45 hectares).

La totalité du vignoble est à ce jour certifié Ecocert. « Un investissement patrimonial avant tout », estime Joliette. 2014 sera bientôt sur le marché. « Une très belle année en Bourgogne avec des vins bons tout de suite. Mais il a fallu prendre des risques pour attendre que la vendange soit assez mûre. L’objectif est désormais de trouver davantage de raisins à vinifier dans un ou deux grands crus comme Chassagne, Puligny ou Chablis ».