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Peter Wildbolz du Mas du Soleilla

Auteur

La
rédaction

Date

14.01.2010

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Au sud de Narbonne, sur la Montagne de la Clape, entre la ville de la mer, l’appellation la Clape fait partie des terroirs de France les plus ensoleillés et les plus venteux. Venu de Suisse, avec son épouse Christa Derungs, Languedocien de coeur, Peter Wildbolz compose ici des vins mûrs dans le respect du terroir et de la plante, au Mas du Soleilla. Peter Wildbolz et ses vins seront à la dégustation Alice – Terre de Vins du 21 janvier 2010 à Bordeaux.

Quelle est la vision qui vous guide pour faire vos vins, quel est leur message ?
Peter Wildbolz : L’idée que nous avons est de produire – je ne sais pas si le mot est bon, en tout cas de trouver – des vins avec une forte expression de terroir. Nous essayons de mettre tous les paramètres de production en ordre, de sorte à permettre à la vigne de s’exprimer au mieux, sans souffrir d’exigences néfastes et déplacées, du type attentes en termes de rendements. En ce moment par exemple nous faisons une taille très courte pour s’adapter au terroir de la Clape, où le climat est rude avec des étés secs et très chauds. Les travaux que nous faisons à la vigne aujourd’hui nous permettent de favoriser l’accession de nos raisins à maturité à la fin de l’été…
On peut discuter des heures de ce qu’est la maturité. Pour moi en tout cas, c’est une question d’équilibre entre acidité, arômes et structure tannique. On trouve un indice infaillible dans le raisin : les pépins doivent être mûrs, voire marrons. Ceci permet de faire des vins qui ont une structure intéressante. On ne cherche pas à faire des rendements, car sinon on observe une perte qualitative. D’autre part, nous sommes en production biologique et nous cherchons à éviter des intrants qui risqueraient de dénaturer la sève de la vigne et le jus des raisins. On évite de bousculer la vigne, pour tout dire, on la soigne beaucoup.

En quoi votre parcours, et le fait de nous venir de Suisse, influe-t-il sur vos vins ?
PW : J’ai un passeport suisse, mais j’ai une ascendance française : j’ai appris le métier de la vigne en France, notamment dans le Languedoc, puisque j’ai appris les bases dans le domaine familial en Languedoc. Le fait de revenir était naturel et c’était possible sans se ruiner financièrement, alors que ce n’était pas le cas sur d’autres terroirs, comme en Europe Centrale, où le prix de la terre devient exorbitant. Le fait de m’installer à la Clape ne relève pas d’un calcul mais d’un concours de circonstances, comme vous en rencontrez quand vous êtes à la recherche d’un projet, d’une opportunité. Mais je n’ai aujourd’hui que des raisins… pardon… des raisons (rires) de m’en réjouir.

Quelle est la gamme que vous présenterez aux dégustations Alice – Terre de Vins ?
PW : Je viendrais avec les Chailles et éventuellement les Bartelles. Ainsi que des vins plus à l’entrée de gamme, comme notre Petit Mars en rouge ou le Sphinx, notre blanc à base de Bourboulenc.
Un petit mot sur le Petit Mars et le Sphinx : ils correspondent à notre entrée de gamme et nous avons cherché pour eux un nom qui évoque la Clape, alors que le nom des cuvées pus haut de gamme correspond au nom de la parcelle dont ils sont issus. Pour notre collection plus quotidienne, nous avons choisi des noms en référence aux papillons les plus typiques de la Clape, que sont le Sphinx, le Petit Mars et le Jason. Ce sont en outre des noms que l’on retient et qui se lisent aussi bien en anglais qu’en français !

Si vous deviez insister sur un élément qui fait la force de vos vins ?
PW : Le terroir de la Clape, bien sûr. On voit ce vignoble en bord de mer et on s’imagine un climat clément et des influences marines… Ce n’est pas faux en soi, mais notre domaine se situe sur les hauteurs, en situation de col, sans protection contre le vent… Ici il vente 300 jours par an et ce vent accentue aussi les effets de sécheresse. C’est un facteur d’hygiène, qui peut aider pour cultiver en bio, mais à la condition que le vent reste au nord ou à la tramontane. Car quand le vent tourne au marin, il apporte de la mer une humidité qui induit un risque de pourriture, en particulier au moment des vendanges, que nous faisons entièrement à la main.
Notre autre point fort, c’est de mêler assemblages traditionnels en AOC (Grenache, Carignan, Syrah) et assemblages plus fun en vins de pays (Merlot et Cabernet Franc), ainsi que de maintenir une tradition de blanc propre à la Clape, avec les cépages Bourboulenc et Roussanne. J’aime tous ces cépages. Différemment, certes, mais je suis très content de mon encépagement. Et si je devais défendre un cépage en particulier, ce serait le Grenache, un cépage qui a beaucoup de mérite, même s’il est un peu méprisé par les producteurs car il est difficile : délicat à maîtriser, sensible aux maladies, irrégulier dans la production avec des trajets pas évidents vers la maturité, un risque de pourriture, une vinification pas toujours simple… Pour autant, je reste sur idée que c’est un cépage fabuleux et dans l’air du temps car il n’est pas très tannique et offre une belle expression de fruit sans que la structure vienne se mettre au milieu.

Mas du Soleilla
Route de Narbonne-Plage 11100 Narbonne
+33(0)468452480