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[Primeurs] Les secrets d’une campagne réussie

Auteur

La
rédaction

Date

08.04.2013

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Moment fort de la vie viticole bordelaise, la Semaine des primeurs est à la fois un vaste terrain de dégustation, un coup de projecteur médiatique unique – aucun autre vignoble au monde n’a développé ce concept à ce point – et un enjeu économique capital. Les 200 à 300 propriétés de l’élite qui tentent leur chance sur ce marché spécifique – le client paiera dans les prochaines semaines un vin qu’il ne recevra que fin 2014 – comptent en effet sur cette rentrée financière précoce pour leur développement.

Mais cette année, nous avons un bébé 2012 né dans la douleur : entre météo compliquée au printemps et jonglage entre les gouttes à la vendange, les propriétaires ont joué serré pour tenter d’obtenir un millésime de qualité. Verre en main, il y a de tout : du bon, du moins bon, des ratages. En rouge, comme en blanc sec ou liquoreux.

« Il y a peu d’envie. À ce jour, personne n’attend vraiment ce millésime pour acheter en primeur, à l’inverse des 2009 ou 2010 », constatent en chœur courtiers et négociants, ces professionnels qui assurent la commercialisation des vins (la quasi-totalité des grands châteaux ne font pas de vente directe).

Du côté de la production, on assure souvent que les volumes produits sont réduits, histoire d’installer l’idée que l’offre sera rare. Preuve que les primeurs sont aussi une bataille à l’intox, car les chiffres sont là : avec 5, 3 millions d’hectolitres récoltés en Gironde en 2012, nous sommes dans la moyenne des années précédentes. Aucune pénurie en vue. À moins que les châteaux ne parlent de quantité de premier vin mis sur le marché par rapport au second.

Le prix, toujours le prix…

Malgré ce manque d’enthousiasme en amont pour ce 2012 et une conjoncture économique mondiale connue de tous, l’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB), cheville ouvrière de cette semaine des primeurs, annonce près de 6 000 inscrits (acheteurs, prescripteurs, professionnels locaux…) pour les nombreuses dégustations qu’elle organise. Un chiffre tout à fait honorable, notamment une année impaire où se tient aussi Vinexpo. Certains feraient donc le voyage deux fois à Bordeaux, en avril pour les primeurs puis en juin pour ce salon.

Quelle cartouche reste-t-il donc pour assurer une campagne au moins convenable ? « Le prix, toujours le prix », assure-t-on sur la place bordelaise. Suite aux hausses généralisées des grandes étiquettes depuis une dizaine d’années (la demande mondiale a explosé), les propriétaires ont pris leurs « habitudes ». Difficile de revenir en arrière… « Sur le 2011, au printemps dernier, bien des mises en marché en primeur ont échoué à cause de tarifs trop élevés. Ce sera pire cette année si des efforts ne sont pas consentis », assure un courtier expert.

Bien sûr, que les bouteilles soient à 15, 25, 50, 100 ou 300 euros, l’effort ne peut être le même. Quelques euros par-ci ; des dizaines, voire des centaines, par-là. Mais un mouvement général est demandé. Après tout, si les clients ne font pas une bonne affaire, pourquoi le système des primeurs subsisterait-il ?

César Compadre