Accueil Quand le « plant de Saint-Gilles » révèle ses secrets…

Quand le « plant de Saint-Gilles » révèle ses secrets…

Auteur

La
rédaction

Date

22.10.2013

Partager

Le plant de Saint-Gilles ?

Est-ce un nouveau cépage, un cépage oublié ? Ni l’un ni l’autre : le plant de Saint-Gilles, tout le monde le connaît, c’est le mourvèdre. L’amateur l’attribue immédiatement à Bandol et on enchaîne illico avec la petite phrase qui lui colle à la peau : « le mourvèdre, il faut qu’il voie la mer ». L’expression traduit en fait une tendance à la maturité tardive : il lui faut une belle arrière-saison pour mûrir à point, c’est un retardataire, toujours bon dernier à rentrer en cave et donc un délicat – il aime les étés indiens, les météos parfaites.

Or il se trouve, qu’avant la dévastation du vignoble français par le Phylloxéra, ce cépage capricieux occupait la moitié du vignoble des Costières de Nîmes. Un fait historique balayé par l’histoire viticole car, pour reconstituer leurs parcelles après le maudit parasite, les viticulteurs ont opté pour la sécurité de variétés moins tardives et plus régulières.

Néanmoins, le souvenir demeure et observant leur encépagement actuel, les vignerons de Saint-Gilles, aux portes de la petite Camargue, notent que si la présence du mourvèdre sur l’appellation en général est en moyenne de 2%, chez eux, elle passe les 10 points, et les cuvées en tirent un trait de caractère qui les unit.

Diane de Puymorin, au château d’Or et de Gueules (photo ci-dessus), entourée des autres vignerons saint-gillois, mène depuis plusieurs mois un travail de recherche sur la différenciation de ce terroir. La vérité étant dans le verre, le groupe a organisé le samedi 19 octobre une grande dégustation transversale, de Bandol à l’Espagne en passant par Collioure, des cuvées riches en mourvèdre/plant de Saint-Gilles.

Il est toujours périlleux de définir un profil organoleptique, d’autant qu’on se promène sur une grande variété de terroirs en compagnie d’assemblages aux proportions variables, mais il y a quand même un génotype mourvèdre. Rustique sur sa jeunesse, avec des tanins accrocheurs, le temps le rend plus aimable et livre une signature sauvage voire giboyeuse avec des notes de cade, de liqueur de fraise et de cuir.

Convoqués pour départager les flacons, sous le parrainage de Michel Hermet, président de l’Union des sommeliers de France (photo ci-dessous), œnologues, sommeliers, cavistes et vignerons ont élu dans un mouchoir de poche les cuvées Soleil Rouge 2008 du Mas Baux (66), La Bollida 2010 du château d’Or et de Gueules (30), l’ardéchois Mas de Libian (07), et enfin le costières 2011 de l’Ermitage.

Sous le signe du mourvèdre, le terroir de Saint-Gilles confirme sa place à part. A suivre…

Sylvie Tonnaire